Poursuivi pour harcèlement sexuel, un sous-officier du cabinet de l’ancienne ministre française des armées Florence Parly a été condamné à deux ans de prison avec sursis et trois ans d’interdiction d’exercer par le tribunal de Paris, jeudi 20 juin. Le prévenu a dix jours pour faire appel. La question des dommages et intérêts dus à la victime sera tranchée lors d’une audience civile le 16 décembre.
C’est une décision « très satisfaisante pour la partie civile et la victime, c’est une décision juste au regard des faits commis et des conséquences pour la partie civile, qui ne retournera pas dans les rangs », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocate de la victime, Me Elodie Maumont. « #metoo des armées ou pas, on devrait pouvoir obtenir ce genre de décision dans tous les dossiers de ce type », a-t-elle ajouté.
A l’audience du 16 mai, la procureure avait requis deux ans de prison dont vingt mois avec sursis contre Julien M. ainsi que son inéligibilité, qui entraîne son exclusion de l’armée et la perte de son grade. « C’est un juste retour des choses, on est un peu à égalité et chacun reprend sa vie », a assuré la victime à des journalistes, émue par le délibéré, ajoutant : « C’est l’aboutissement de trois ans de colère et de peur, c’est un énorme soulagement. »
En 2023, 167 signalements remontés au ministère
Le président du tribunal avait énuméré les allusions sexuelles imposées à la plaignante par Julien M : « tu rigoleras moins une fois que tu te seras faite sodomiser », « si tu fais pas bien ton travail, je vais te baiser ». Les faits avaient duré plusieurs mois à partir de septembre 2021 au secrétariat du cabinet militaire de Florence Parly, à l’hôtel de Brienne, résidence de la ministre, où la victime – 21 ans au moment des faits – travaillait avec Julien M., son binôme et supérieur hiérarchique, à l’époque maréchal des logis.
Pour expliquer ses agissements et ses « blagues lourdes », Julien M., 41 ans, marié et père de quatre enfants, avait déclaré que « la charge de travail et la charge mentale disproportionnée [étaient] les raisons pour lesquelles j’ai perdu pied, mais ce n’est absolument pas une excuse ».
Sanctionné par quinze jours d’arrêt, il a été muté au sein du Centre des hautes études militaires (CHEM). La plaignante, mutée à Brest après avoir signalé les faits à sa hiérarchie en décembre 2021, a déclaré avoir fait deux tentatives de suicide l’année suivante.
En 2023, selon le ministère des armées, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie militaire et 59 à la cellule Thémis, créée en 2014 pour recueillir les témoignages des victimes et veiller à l’application de sanctions.