La presse étrangère a réagi avec inquiétude aux résultats du premier tour des législatives françaises, qui placent l’extrême droite aux portes du pouvoir. Souvent cruels avec Emmanuel Macron, artisan d’une dissolution qui s’est retournée contre lui, les éditoriaux publiés lundi 1er juillet, en Europe, aux Etats-Unis mais aussi en Afrique et dans le monde arabe, redoutent aussi une déstabilisation de la France, une érosion de son prestige doublée d’une crise de gouvernance, et appréhendent l’impact de ces possibles bouleversements sur la scène internationale.
« La démocratie française parle et elle fait peur », écrit le quotidien suisse Le Temps, dans son éditorial de une, précisant qu’avec la percée du parti d’extrême droite, la France s’éloigne des principes républicains. Pour ce journal, la victoire du Rassemblement national, « c’est le vertige d’une démocratie qui aboutit à ce que certains démocrates redoutent le plus ». Pour le quotidien germanophone suisse Blick, « la France vient de s’installer démocratiquement, mais de façon durable, dans une période de turbulences et d’incertitudes peu propice à son redressement ».
La presse belge n’est pas moins sévère. Pointant un « vote bazooka », le quotidien Le Soir écrit que « par un renversement total des valeurs et des idéaux, des jeunes, des ouvriers, des diplômes, des femmes comme des hommes ont décidé que l’espoir, aujourd’hui en France, est incarné par un parti raciste. (…) Ce discrédit a le visage d’Emmanuel Macron, un président qui loin de protéger, pour de bon, son pays contre l’extrême droite, l’a légitimée en lui abandonnant les urnes ». Même diagnostic dans les colonnes de La Libre Belgique, qui titre sur une « chute vertigineuse dans l’inconnu » et pointe la responsabilité du chef de l’Etat, qui « rêvait d’un sursaut » et « s’est mué en marchepied de l’extrême droite ».
« République meurtrie »
Les titres de la presse britannique divisent leur une entre le retourné acrobatique de Jude Bellingham, contre la Slovaquie, qui sauve la sélection nationale d’une élimination à l’Euro de foot, et le triomphe du RN. Pour le Times, journal de centre droit, « la droite française a humilié Macron ». Le Daily Telegraph, plus radical, cite Marine Le Pen qui prétend avoir « éliminé Macron ». La BBC, qui a délocalisé pour l’occasion ses studios dans un café parisien, parle quant à elle de « tremblement de terre ».
En Allemagne, les journaux actent « la fin de l’ère Macron », selon les mots du Spiegel et s’inquiètent des répercussions de la possible arrivée à Matignon de Jordan Bardella sur les relations avec la France. Pour Die Zeit, le premier tour des législatives hexagonales constitue « un aperçu du sombre avenir qui nous attend ». « On ne peut pas exclure que le centre s’effondre dans un avenir proche, et pas seulement en France, et que les extrémistes de droite en particulier en profitent. C’est peut-être là le constat le plus amer de cette soirée électorale », écrit le quotidien de tendance centriste.
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