Willy Sagnol y est désormais habitué, mais une ovation de plus n’a jamais fait de mal à personne. A l’issue de la victoire de la Géorgie face au Portugal (2-0), à Gelsenkirchen, mercredi 26 juin, le sélectionneur français des Croisés a reçu les applaudissements nourris des journalistes en conférence de presse. Comme lors de la qualification historique du pays pour l’Euro, en mars, et après le point du match nul acquis contre la République tchèque (1-1), samedi.
Mais ces applaudissements, mercredi, avaient une tout autre saveur : celle d’une qualification inespérée pour les huitièmes de finale – en faisant partie des meilleurs troisièmes – du Petit Poucet de la compétition, 76ᵉ nation au classement FIFA. Au coup de sifflet final, tous les joueurs des Croisés sont allés longuement célébrer cet exploit devant les 18 000 supporteurs géorgiens présents dans les tribunes de la Veltins-Arena, dont certains ont versé des larmes de joie.
« C’est le plus beau jour de la vie des Géorgiens. On a écrit l’histoire. Personne ne croyait qu’on était capables de le faire mais on l’a fait », s’est félicité Khvicha Kvaratskhelia, auteur du premier but de la rencontre, d’entrée de jeu (2ᵉ). Cette victoire, face à un Portugal assuré d’être premier avant le match et qui alignait une équipe bis, les Géorgiens l’ont confirmée grâce à un penalty inscrit par Georges Mikautadze (57ᵉ) – l’attaquant du FC Metz est le meilleur buteur de l’Euro avec trois réalisations – et une nouvelle grande performance de son gardien, Giorgi Mamardashvili, auteur de cinq arrêts.
« Je n’ai pas les mots. Je suis tellement fier de mes joueurs, de l’image qu’ils ont donnée de la Géorgie aujourd’hui », a savouré Willy Sagnol après la rencontre. Dans le même temps, des images de liesse dans les rues de Tbilissi inondaient déjà les réseaux sociaux. Ces derniers mois, la capitale du pays du Caucase s’était davantage habituée à accueillir d’importantes manifestations contre le projet de loi sur « l’influence étrangère », finalement promulgué le 3 juin. Un texte calqué sur une loi russe de 2012 dont l’objectif est de museler toute opposition qui pourrait s’exprimer par la voie de la société civile ou des médias indépendants.
Le contexte politique géorgien s’est invité à l’Euro
« Cette performance à l’Euro éclipse toute cette actualité politique », note Nino Samkharadze, analyste au Georgian Institute of Politics de Tbilissi. Les Géorgiens – dont 80 % se disent pro-européens – craignent désormais un rapprochement avec la Russie. Le projet de loi avait d’abord été abandonné en 2023 à la suite d’une mobilisation massive, avant d’être ressorti des cartons en avril par Rêve géorgien, le parti au pouvoir.
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