Reconduit pour un troisième mandat à la présidence de la République le 10 mars, Xi Jinping place désormais le rôle international de la Chine en tête de ses préoccupations. Son agenda en témoigne : depuis la fin de la session parlementaire, le 13 mars, il n’a encore inspecté aucune province, mais a effectué une nouvelle visite en Russie (la neuvième depuis 2013), s’apprête à recevoir le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, puis, la semaine suivante, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il aurait aussi dû recevoir le président brésilien, Lula da Silva, fin mars, à Pékin, mais ce dernier a dû reporter son voyage pour raisons de santé.
Par ailleurs, la Chine va organiser en mai un premier sommet Chine-Asie centrale, avant de célébrer en grande pompe à l’automne le dixième anniversaire des « nouvelles routes de la soie », lancées par Xi Jinping au Kazakhstan en 2013. L’Organisation de coopération de Shanghaï, créée par Moscou et Pékin pour gérer cette région tampon, s’est élargie « à l’initiative de Moscou », selon les Chinois, au point de réunir des ennemis traditionnels (l’Inde et le Pakistan), mais sans déboucher sur grand-chose.
Profitant de la faiblesse actuelle de la Russie, Xi, malgré son « amitié » pour Poutine, pousse son avantage en tentant de reprendre le leadership dans cette région qui intéresse à nouveau la Maison Blanche, comme le montre le récent voyage du secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, au Kazakhstan et en Ouzbékistan.
Ce qui est nouveau, en revanche, c’est le discours qui accompagne cette priorité diplomatique. Estimant avoir réussi en quelques décennies à réaliser ce que l’Occident a accompli en plusieurs siècles, Pékin juge que sa réussite « offre un nouveau modèle de modernisation au monde ». Bien sûr, les propagandistes chinois sont trop intelligents pour recommander aux pays émergents d’imiter la Chine. Pour le moment, ils se contentent de faire passer deux messages.
Un discours suffisamment consensuel
Premièrement, le modèle américain est en train d’échouer. Tout le prouve, selon Pékin : du populisme de l’ancien président Donald Trump aux ravages de la drogue et des armes à feu en passant par la peur que la Chine inspire à Washington.
Deuxièmement, cet échec américain n’est pas grave, au contraire, puisque la Chine prouve qu’une alternative est possible. Selon Pékin, cinq caractéristiques distinguent sa « réussite » par rapport à la modernisation occidentale : la première est la taille massive de la population concernée ; la deuxième est la « prospérité commune », ce concept élaboré par Xi Jinping en 2020 pour tenter de réduire les inégalités ; la troisième est « le développement équilibré de la civilisation matérielle et spirituelle » ; la quatrième, « la coexistence harmonieuse de l’homme et de la nature » ; la cinquième, le « développement pacifique ».
Il vous reste 31.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.