« Cette année, si Dieu le veut, nous pouvons mettre fin à l’hégémonie libérale progressiste. Allez Donald Trump ! Allez les souverainistes d’Europe ! » Ainsi s’exprimait Viktor Orban, le 25 avril, sur la scène de la salle de conférences du centre de Budapest où il a pris l’habitude depuis trois ans de réunir au printemps la crème de l’extrême droite mondiale sous la houlette de la Conservative Political Action Conference (CPAC), ce forum de réflexion des représentants du Parti républicain américain acquis au trumpisme.
Devant une audience constituée de nationalistes venus de tout le monde occidental et souvent davantage préoccupés par le wokisme et l’immigration que par la menace russe, le dirigeant hongrois a exprimé son désir de pouvoir constituer une coalition entre toutes les droites au Parlement européen en juin, puis de voir une victoire de Donald Trump aux Etats-Unis en novembre. « Nous devons gagner ces élections pour reprendre le chemin de la paix et de la sécurité qui a fait la grandeur de l’Occident », a-t-il lancé sous les applaudissements.
Alors que la quasi-totalité des dirigeants européens frémissent à l’idée d’un retour au pouvoir de M. Trump cet automne, le Magyar, lui, répète volontiers qu’il en rêve. Cette victoire permettrait « une coalition transatlantique pour la paix », a-t-il encore assuré lors d’un meeting de campagne organisé samedi 1er juin à Budapest, en incluant dans son grand dessein le Rassemblement national de Marine Le Pen. Et d’insister, mardi 4 juin, dans le quotidien italien Il Giornale : « Trump parviendrait à un cessez-le-feu et à un début des négociations en une journée » sur la guerre en Ukraine.
« Même proximité avec la Russie »
L’amitié entre Trump et Orban, ces deux figures du national-populisme, n’est certes pas totalement nouvelle, mais elle n’a jamais été aussi évidente que depuis le début de la guerre en Ukraine. « Ils partagent la même proximité avec la Russie et les mêmes critiques contre l’aide à l’Ukraine », constate Andras Racz, spécialiste hongrois de la Russie au sein du Conseil allemand pour la politique étrangère (DGAP). Les deux hommes ont notamment réussi à bloquer pendant plusieurs mois cet hiver le soutien militaire occidental : M. Trump en forçant les républicains à s’opposer à un vote crucial du Congrès à Washington, M. Orban en jouant plusieurs fois de son droit de veto à Bruxelles.
M. Orban soutient certes M. Trump depuis les élections de 2016, qu’il remporta face à Hillary Clinton, « mais à l’époque, c’était davantage un choix de politique interne motivé par les relations conflictuelles avec l’administration Obama », estime M. Racz, alors que la Hongrie était régulièrement critiquée par les démocrates américains pour ses tendances autoritaires. Si ces critiques ont de facto cessé sous le mandat Trump, « ce n’était pas pour autant une période dorée comme cela est présenté rétrospectivement », juge cet expert, en pointant par exemple les frictions autour de l’accord de défense entre Budapest et Washington finalement signé en 2019.
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