« Ça m’est tombé dessus » : Stéphane Séjourné a profité d’une très brève apparition devant la communauté française d’Athènes, lundi 16 septembre, pour réagir à sa nomination surprise comme commissaire désigné de la France au sein de la Commission européenne. La nouvelle avait été annoncée quelques heures plus tôt alors que le ministre des affaires étrangères et son entourage étaient en vol pour la capitale grecque, en marge d’une tournée express de trois jours entre l’Arménie, la Grèce et la Moldavie.
M. Séjourné a été prévenu dimanche soir par Emmanuel Macron, qu’un rebondissement était possible, étant donné l’épreuve de force engagée entre Ursula von der Leyen et le commissaire sortant, Thierry Breton, sur les contours du poste. Mais ce n’est que lundi que le chef de l’Etat lui a confirmé son choix, après un coup de fil avec la présidente de la Commission. Le changement de candidat français permet à l’ex-eurodéputé d’entrevoir un retour à Bruxelles, bien qu’il confie, dans l’avion entre Athènes et Chisinau, « un peu de frustration » de ne pas pouvoir, comme il l’espérait en se prévalant du soutien de M. Macron, prolonger son bail à la tête de la diplomatie française au sein du gouvernement Barnier.
Son ultime voyage « en affaires courantes », validé par le président de la République et par le premier ministre, devait permettre à M. Séjourné, très peu visible cet été, de se rendre enfin dans trois pays où son déplacement aura tardé, bien qu’ils soient au cœur des tensions continentales, face à la Russie, à l’Azerbaïdjan ou à la Turquie. A chaque étape, M. Séjourné a tenté de rassurer ses interlocuteurs, parfois inquiets des turbulences politiques en France, et de l’absence prolongée de gouvernement.
Des talents de négociateur
Au final, le passage de M. Séjourné au ministère des affaires étrangères aura battu des records de brièveté : huit mois. Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, l’élu européen avait remplacé Catherine Colonna, lors du remaniement de janvier, pour devenir l’un des plus éphémères titulaires du portefeuille, derrière Michèle Alliot-Marie, sous Nicolas Sarkozy.
Dès son arrivée au ministère, Stéphane Séjourné s’est rendu en Ukraine, puis, à deux reprises, en Israël et dans les pays arabes. Difficile en si peu de temps de peser sur ces enjeux majeurs, même si sa présence a permis au chef de l’Etat de disposer d’un proche, très politique, à la tête du ministère. S’il maîtrise moyennement l’anglais, M. Séjourné, l’un des rares à tutoyer le locataire de l’Elysée et réputé pour ses talents de négociateur, est beaucoup plus à l’aise en espagnol, après avoir passé une partie de sa jeunesse entre le Mexique, l’Espagne et l’Argentine.
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