Les Etats-Unis sont une puissance aux ressources exceptionnelles, à la population diverse, aux compétences nombreuses. Pourtant, le pays se prépare à une élection présidentielle dépressive, à un choix par défaut dont l’impact sera mondial. A droite, Donald Trump, un candidat condamné au pénal et responsable d’une tentative de coup d’Etat, après sa défaite en 2020. A gauche, un président sortant, Joe Biden, dont la voix devient parfois un mince filet et les pas, une aventure incertaine. Tandis que les deux camps sont en effervescence, leur première confrontation télévisée, jeudi 27 juin, à Atlanta, sur la chaîne CNN, marquera pour de nombreux Américains une entrée en campagne. A reculons.
C’est aussi à reculons que s’appréhende le format même du débat, qui renvoie le pays en 1960, lorsque s’affrontaient le sénateur John F. Kennedy et le vice-président Richard Nixon. Sa particularité est une absence : celle d’un public. La condition a été posée par l’équipe Biden. Ce sera donc « une pièce stérile et morte », a regretté Donald Trump dans le Washington Examiner.
L’exercice durera quatre-vingt-dix minutes, entrecoupé par deux pauses publicitaires. Les candidats n’auront pas le droit à des fiches antisèches. Seuls deux journalistes, Jake Tapper et Dana Bash, leur feront face et pourront couper leur micro, en cas d’interruptions intempestives. Ils font déjà l’objet d’attaques pour leur partialité supposée de la part du camp Trump, une manière d’amortir une éventuelle prestation en demi-teinte de leur chef.
Trois ans et demi séparent les deux hommes
Joe Biden s’est préparé en secret à Camp David avec, en particulier, son ancien chef de cabinet, Ron Klain, et son conseiller Mike Donilon. Ses angles d’attaque privilégiés devraient être la défense des droits reproductifs, deux ans exactement après la fin de l’arrêt Roe vs Wade décidée par la Cour suprême, qui garantissait depuis 1973 le droit d’avorter sur tout le territoire, et la menace existentielle pour la démocratie américaine que représente Donald Trump – condamné au pénal et encore inculpé dans trois autres affaires.
Ce dernier compte, lui, dépeindre une Amérique supposément décadente et en chute libre depuis quatre ans, en insistant sur l’inflation et la crise migratoire. Le 22 juin, en meeting à Philadelphie, il faisait semblant d’interroger ses partisans sur Joe Biden. « Est-ce que je devrais être dur et méchant et dire juste : “Vous êtes le pire président de l’histoire ?” Ou devrais-je être sympa et calme et le laisser parler ? »
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