La pression du régime de Nicolas Maduro a finalement été trop forte. Dimanche 8 septembre, aux alentours de 16 heures, Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat aux élections du 28 juillet, un scrutin dont il revendique la victoire, a atterri à l’aérodrome militaire de Torrejon de Ardoz, dans la banlieue de Madrid, à bord d’un avion des forces armées espagnoles.
Alors qu’il avait promis qu’il ne quitterait pas le Venezuela, l’ancien diplomate de 75 ans s’est résolu à prendre la route de l’exil pour Espagne, dont il a obtenu l’asile politique. « Je suis convaincu que dans un avenir proche, nous continuerons la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie au Venezuela », a-t-il affirmé dans un message audio transmis dans la soirée par son équipe à la presse à Caracas, évoquant des « épisodes de pression, de coercition et de menaces de ne pas me laisser partir ».
L’ancien président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2010), observateur électoral nommé par le gouvernement de Nicolas Maduro – dont le silence depuis les élections et la proximité avec le régime chaviste ont été très critiqués ces dernières semaines par la droite –, aurait joué un rôle clé dans la médiation entre les deux gouvernements, selon la télévision publique espagnole TVE.
Dimanche, la nouvelle du départ de M. Gonzalez, avec son épouse, a d’abord provoqué la surprise. « Le gouvernement a mis à disposition les moyens diplomatiques et matériels nécessaires à son transfert, réalisé à sa demande », a expliqué le ministère espagnol des affaires étrangères, dans un bref communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche. « Le Venezuela a accordé les sauf-conduits nécessaires dans l’intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays », a pour sa part écrit la vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodriguez, sur les réseaux sociaux.
« C’était l’exil ou la prison »
Dans l’opposition vénézuélienne, la consternation a rapidement laissé la place au pessimisme. « Le régime a obtenu ce qu’il voulait : faire partir Edmundo du pays. Il y est parvenu grâce à une véritable politique de terreur et tout a été fait pour les effrayer, lui et sa famille », souligne Miguel Henrique Otero, président du journal El Nacional, et lui-même réfugié à Madrid depuis 2015.
Près d’une centaine de personnes ont été tuées lors des protestations qui ont suivi le scrutin qui a vu officiellement Nicolas Maduro reconduit à la tête de l’Etat pour un troisième mandat de six ans – malgré son incapacité à présenter les procès-verbaux du scrutin. Par ailleurs, 1 659 personnes ont été incarcérées, selon le dernier bilan de l’ONG Foro Penal.
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