Depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas contre Israël, le Hezbollah mène une guerre à reculons. L’organisation chiite libanaise pro-iranienne paraît avoir été prise de court par l’offensive de son allié palestinien à Gaza. Le 8 octobre, elle tirait quelques roquettes sur Israël par « solidarité », tout en mesurant leur impact. Cette salve a cependant provoqué le déplacement de quelque 100 000 habitants du nord d’Israël, par mesure de sécurité. A ce jour, ils n’ont pas réintégré leur foyer et font pression sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour qu’il mette fin à la menace du Hezbollah.
Dès novembre 2023, Israël est passé à l’offensive en menant des raids aériens en profondeur sur le dispositif militaire du Hezbollah. Entre 300 et 400 combattants, dont plusieurs dizaines appartenaient à son corps d’élite, la force Radwan, et des hauts gradés de la milice ont été tués. Israël a fait en sorte de vider la bande frontalière de toute présence humaine au Liban sud, notamment en utilisant des bombes au phosphore.
Dans cette escalade, le Parti de Dieu s’efforce désormais de frapper des cibles militaires israéliennes − au risque de déclencher une guerre ouverte dévastatrice pour le Liban, déjà rendu exsangue par une crise économique sans précédent. Après la mort d’un de ses chefs militaires Fouad Chokr, tué le 30 juillet dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le Hezbollah avait promis une riposte d’ampleur. Il a annoncé dimanche avoir lancé « un grand nombre de drones » sur le territoire israélien et tiré « plus de 320 » roquettes Katioucha sur onze bases militaires en Israël et sur le plateau du Golan syrien occupé par Israël. La « première phase » de l’opération, qui a visé les « casernes et positions israéliennes », « s’est achevée avec succès » et « est terminée » pour dimanche, a affirmé le mouvement.
Le Hezbollah, hégémonique sur la scène politique libanaise, tient le sort du pays entre ses mains.
Arme de dernier recours
Depuis la guerre menée contre Israël à l’été 2006, le Hezbollah est passé du statut de guérilla (10 000 hommes et 15 000 roquettes estimés) à celui d’armée (50 000 hommes, dont 30 000 réservistes et 10 000 soldats d’élite, et 150 000 missiles et roquettes) dotée de drones, de hors-bord-suicides, de missiles antiaériens et antinavires, etc.
Outre ce puissant arsenal, il est le plus loyal des alliés régionaux de l’Iran, à qui il doit sa création dans la foulée de la révolution islamique de 1979 − la naissance officielle du Parti de Dieu date de 1985. Complètement intégré au système de défense iranien, il cherche à éviter un affrontement d’ampleur avec Israël, Téhéran ne souhaitant pas engager une guerre totale.
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