Journée noire en matière de droit à l’avortement aux Etats-Unis : après qu’une cour d’appel fédérale a restreint, jeudi 13 avril, l’usage de la pilule abortive (tout en l’autorisant), la Floride a décidé d’interdire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au-delà de six semaines de grossesse.
La Maison Blanche a immédiatement dénoncé comme « extrême et dangereuse » cette nouvelle disposition. « Aujourd’hui, le parlement de Floride à majorité républicaine a envoyé une nouvelle loi extrême et dangereuse sur le bureau du gouverneur DeSantis pour qu’il la signe », a fustigé la porte-parole de l’exécutif américain, Karine Jean-Pierre, dans un communiqué.
Approuvée à 70 voix pour et 40 contre par les élus de cet Etat du sud-est du pays, la loi doit en effet être signée par l’étoile montante de la droite populiste américaine et possible prétendant à la Maison Blanche, Ron DeSantis, qui a déjà indiqué son intention de la promulguer.
L’entrée en vigueur de cette interdiction fera de la Floride l’un des Etats qui restreignent le plus l’IVG sans l’interdire, depuis que la Cour suprême américaine, dominée par des juges conservateurs, a annulé en juin 2022 la protection constitutionnelle de l’avortement sur le territoire, laissant les différents Etats libres de légiférer.
Des exceptions en cas de viol ou de risque grave pour la santé
Les seules exceptions prises en compte par la loi de Floride sont celles d’un « risque grave » pour la santé de la femme ou d’une anomalie létale du fœtus, ainsi qu’en cas de viol ou d’inceste, dans la limite de quinze semaines de grossesse.
« Cette loi interdit l’avortement légal, mais cela n’arrêtera pas l’avortement dans les faits. Les avortements seront simplement effectués en privé, sans supervision médicale et avec un risque accru pour la santé des femmes et leur bien-être physique et mental », a réagi l’élue démocrate de Floride Lindsay Cross. La Floride avait déjà interdit en avril 2022 l’IVG après quinzaine semaines de grossesse.
Cette loi signe aussi une nouvelle victoire retentissante pour les opposants à l’avortement aux Etats-Unis, au moment où l’avenir de la pilule abortive est menacé, après des restrictions d’accès à ce cachet décidées jeudi par une cour d’appel de Louisiane, dans le Sud conservateur.
Celle-ci a posé un certain de conditions à la distribution de la mifépristone, interdite la semaine dernière par un juge au Texas : trois visites chez le médecin, une autorisation limitée aux sept premières semaines de grossesse, et une interdiction d’envoyer la pilule par la poste. La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a affirmé jeudi que l’exécutif comptait « continuer à se battre devant les tribunaux », en portant l’affaire devant la Cour suprême.