samedi, juin 8, 2024
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Israël et le Hamas ajoutés à la « liste de la honte » de l’ONU sur les droits des enfants lors de conflits


Des membres d’une équipe d’enquête onusienne visitent une école gérée par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) qui a été touchée lors d’une frappe de l’armée israélienne la veille, dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 7 juin 2024.

Après des mois de guerre à Gaza, l’armée israélienne va être ajoutée à la « liste de la honte » de l’ONU sur les droits des enfants lors de conflits. Le Hamas doit également l’y rejoindre. A la demande du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU publie chaque année un rapport qui répertorie les violations des droits des enfants dans une vingtaine de zones de conflits dans le monde et liste en annexe les responsables de ces violations, qui incluent enfants tués et mutilés, enrôlements, enlèvements ou violences sexuelles. Cette annexe est baptisée « liste de la honte ».

La publication du nouveau rapport est prévue le 18 juin, mais l’ambassadeur israélien aux Nations unies, Gilad Erdan, a pris tout le monde de court vendredi en annonçant avoir été notifié, par le chef de cabinet du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de l’ajout de l’armée israélienne. « Je suis profondément choqué et écœuré par cette décision honteuse du secrétaire général », le voit-on dire au téléphone dans une vidéo diffusée sur son compte X.

« C’est une décision immorale qui aide le terrorisme et récompense le Hamas (…). Honte à lui ! », a ajouté l’ambassadeur, qui s’en prend régulièrement ces derniers mois à M. Guterres et à l’ONU en général. « Aujourd’hui, l’ONU s’est elle-même ajoutée sur la liste noire de l’histoire en se joignant à ceux qui soutiennent les meurtriers du Hamas », a renchéri sur X le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Les forces armées israéliennes sont « l’armée la plus morale du monde et aucune décision délirante de l’ONU ne changera ça », a-t-il ajouté.

L’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, a en revanche salué l’ajout d’Israël à cette liste. Cela « ne ramènera pas les dizaines de milliers de nos enfants tués par Israël en plusieurs décennies », mais « c’est un pas important dans la bonne direction pour mettre fin au deux poids-deux mesures et à la culture d’impunité dont a bénéficié Israël pendant trop longtemps », a-t-il commenté.

Stéphane Dujarric, le porte-parole d’Antonio Guterres, a confirmé l’entretien téléphonique avec l’ambassadeur israélien, précisant qu’il s’agissait d’un « appel de courtoisie » pour les pays « nouvellement listés » dans le rapport. « Il est destiné à prévenir les pays et à éviter les fuites », a-t-il noté, fustigeant l’enregistrement et la publication de la vidéo de l’appel téléphonique. C’est « choquant et inacceptable et franchement quelque chose que je n’ai jamais vu en vingt-quatre années au sein de cette organisation », a-t-il insisté.

Interrogé sur la possible inclusion également du Hamas, M. Dujarric a refusé de donner toute autre information sur le contenu du rapport, appelant tout le monde à « le lire en entier et à en tirer ses conclusions » lors de sa publication le 18 juin. Une source diplomatique a toutefois indiqué à l’Agence France-Presse que le Hamas et le Jihad islamique palestinien, autre mouvement palestinien armé, allaient bien être ajoutés sur la liste.

Avertissement en 2022

L’an dernier, les forces armées russes et groupes armés « affiliés » avaient fait leur apparition sur la « liste de la honte » de l’ONU. Mais pas Israël, au grand dam des organisations de défense des droits humains, qui réclament son inscription depuis des années. L’ONU avait averti dans le rapport de 2022 qu’Israël serait placé sur la liste si aucune amélioration n’était constatée. Mais le rapport de l’an dernier avait noté « une baisse significative du nombre d’enfants tués par les forces israéliennes, y compris dans des frappes aériennes », entre 2021 et 2022.

La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël − qui a entraîné la mort de 1 194 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes −, a changé la situation.

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L’inscription d’Israël cette année est « une décision complètement justifiée du secrétaire général, même si elle aurait dû être prise depuis longtemps », a déclaré à l’AFP Louis Charbonneau, de Human Rights Watch. « C’est quelque chose que nous réclamons depuis longtemps, avec l’inscription du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens », a-t-il ajouté.

En réponse à l’attaque du 7 octobre, l’armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans la bande de Gaza où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36 731 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas − des chiffres qui n’ont pas pu être vérifiés de source indépendante. Ce bilan ne précise plus le nombre d’enfants, mais le bureau de presse du gouvernement de Gaza avance le chiffre de plus de 15 000 mineurs tués.

Lire aussi le récit | Article réservé à nos abonnés Dans le centre de Gaza, un abri de déplacés anéanti par une frappe israélienne

Le Monde avec AFP

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