mercredi, octobre 23, 2024
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En Géorgie, l’exil comme seul horizon pour de nombreux opposants


Keto Kipiani, réalisatrice et productrice, à Tbilissi, le 11 octobre.

La productrice et réalisatrice Keto Kipiani, 38 ans, a quitté son domicile de Tbilissi, capitale de la Géorgie, pour présenter son dernier film au Festival international du court-métrage de Koutaïssi. La troisième ville de cette ex-République soviétique du Caucase, où s’est déroulé cet ­événement du 4 au 9 octobre, est culturellement bien moins dynamique mais offre un cadre détendu, presque bucolique. « Tous les gens du milieu avaient hâte de se retrouver au festival, racontait-elle alors en visio depuis la chambre de son hôtel. C’est comme notre ultime chance de célébrer ensemble le cinéma en profitant des dernières minutes de liberté et de démocratie, car qui sait ce qui se passera après le 26 octobre… »

Peu d’élections auront été aussi cruciales depuis l’accession de la Géorgie à l’indépendance, en 1991. Le parti Rêve géorgien, fondé par l’oligarque Bidzina Ivanichvili, gouverne depuis 2012 la nation caucasienne de 3,7 millions d’habitants. Alors qu’il a d’abord été modéré et populaire, sa dérive de plus en plus ouverte vers un autoritarisme prorusse lui a aliéné des pans importants de la société, notamment la jeunesse.

Bien que soutenue par le Rêve géorgien lors de son élection, en 2018, la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, dont les pouvoirs sont très restreints, est désormais la figure morale qui tente d’unifier l’opposition pro-européenne composée de quatre coalitions principales. Celles-ci espèrent remporter la majorité des voix afin de relancer l’inté­gration euro-atlantique du pays. A défaut, certains citoyens opposés au Rêve géorgien envisagent à contrecœur de quitter leur pays.

« La dernière chance »

Ce scrutin arrive après plusieurs vagues de contestation antigouvernementale, dont la dernière en date est la mobilisation du printemps contre la loi associant les ONG à des « agents de l’étranger ». Keto Kipiani a alors été de tous les défilés. « La raison pour laquelle nous avons arrêté de manifester est la perspective des élections, explique-t-elle. Après le repos estival, nous nous préparons à un plus grand combat. C’est peut-être la dernière chance pour les années à venir d’obtenir un changement. »

En mars, quand le gouvernement a remis sur la table son projet de loi contre les ONG après une tentative avortée en 2023, elle s’est imaginée pour la première fois devoir quitter le pays. « Parfois, je pense que je resterai et que je me battrai jusqu’au bout, parfois que je ­partirai, confie-t-elle. Le déclencheur sera sûrement quand je ne me sentirai plus en sécurité physiquement. »

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