Depuis quelques jours, l’office allemand des statistiques Destatis publie à intervalles réguliers les résultats du dernier recensement de la population, qui s’est tenu de mai 2022 à janvier 2023. L’enquête permet de comparer les estimations statistiques et la réalité du terrain. Les chiffres 2022-2023 ont provoqué la surprise. Le 20 juin, l’Allemagne a ainsi découvert qu’elle comptait 1,4 million d’habitants de moins qu’elle ne le pensait : 82,7 millions de personnes vivent outre-Rhin, et non 84,1 millions comme le croyaient les statisticiens jusqu’ici. Depuis la date du dernier recensement, en 2011, la population n’a augmenté que de 2,5 millions de personnes, qui se concentrent de plus en plus dans les zones urbaines.
Ce sont essentiellement les étrangers qui expliquent le « trou » constaté dans la population : 10,9 millions de personnes de nationalité étrangère vivent actuellement en Allemagne, soit 4,8 millions de plus qu’au dernier recensement de 2011, mais… 1 million de moins que ce qui avait été anticipé jusqu’ici. Les causes de ce décalage ne sont pas entièrement élucidées, a précisé Destatis.
Une des explications serait que beaucoup d’étrangers ont quitté le pays sans faire leur procédure d’Abmeldung, la désinscription des registres municipaux, en principe obligatoire. L’écart relevé est un casse-tête pour certaines mairies car il aura des conséquences fâcheuses sur leurs finances, les dotations communales étant fixées partiellement en fonction du nombre d’habitants.
Cherté du logement
Autre enseignement étonnant en ces temps de crise aiguë de l’immobilier : le nombre important d’appartements et de maisons vides. Il y a 1,9 million de logements inoccupés, dont un gros tiers – environ 700 000 – pourraient être utilisés dans les trois mois, ont relevé les statisticiens. Cela correspond à un taux d’inoccupation de 4,3 %. Le chiffre n’est qu’en légère hausse par rapport à 2011, mais la situation est très différente : la cherté du logement est aujourd’hui considérée comme un des problèmes sociaux les plus urgents. Au total, le pays compte 43,1 millions de logements, ce qui, sur le papier, suffirait amplement à combler les besoins de 83 millions de personnes… s’ils étaient bien placés.
Car les logements vides reflètent en réalité les mouvements de population au sein du pays : les maisons inoccupées se trouvent principalement dans les zones rurales de l’est et du centre de l’Allemagne, qui se vident de leurs habitants, tandis que les grandes villes et leur périphérie (Berlin, Francfort, Hambourg, Munich, Leipzig, Dresde), mais aussi les zones rurales des régions très industrialisées comme la Bavière et le Bade-Wurtemberg, affichent de forts taux de croissance de leur population. Même en ville, la demande ne correspond pas toujours à l’offre : le recensement a relevé 17,4 millions de ménages composés d’une seule personne, soit une progression de 3,5 millions depuis 2011, ce qui crée des besoins de logements supplémentaires de petite taille.
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