Il n’aura pas fallu longtemps avant que le nouveau gouvernement néerlandais, qui n’est toujours pas entré officiellement en fonction, connaisse sa première crise. Une réunion d’urgence a été convoquée vendredi 14 juin entre les quatre partenaires de la future coalition dominée par l’extrême droite, qui devaient débattre de la nomination de certains ministres.
En cause, le retrait, décidé par Geert Wilders, jeudi, du titre de vice-premier ministre et ministre de l’asile et de la migration dont il avait gratifié, quarante-huit heures plus tôt, un député de son Parti pour la liberté (PVV, extrême droite). Une « enquête de sécurité » diligentée par les services de renseignement et dont le contenu n’a pas été révélé, avait rendu impossible la nomination du très controversé Gidi Markuszower. « Ils veulent que je m’incline, c’est injuste mais je crains de ne pouvoir faire autrement », a commenté l’intéressé en parlant d’une « situation kafkaïenne ».
Auteur de propos souvent tonitruants, arrêté pour port d’arme illégal, cet ancien porte-parole du Likoud, le parti conservateur israélien, aux Pays-Bas, M. Markuszower fut soupçonné par les services de renseignement, en 2018, d’avoir livré des informations au Mossad. L’enquête lancée à l’époque n’avait pas livré de conclusions claires.
Des liens avec un complotiste
En 2021, le député fut rappelé à l’ordre par la présidente de la Deuxième chambre pour avoir dénoncé la politique « criminelle » du gouvernement en matière d’immigration. Et il lui serait reproché aussi d’avoir entretenu des liens avec un complotiste qui a formulé à plusieurs reprises des accusations de pédophilie contre des personnalités politiques, dont le premier ministre libéral démissionnaire, Mark Rutte.
Ce premier accroc dans la vie du gouvernement que dirigera Dirk Schoof a été rapidement suivi d’un autre lorsque M. Wilders a annoncé, jeudi, son intention de nommer Marjolien Faber en remplacement de M. Markuszower. De quoi irriter Dilan Yesilgoz–Zegerius, la principale partenaire de M. Wilders : la dirigeante du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, libérale) et ministre de la justice sortante a estimé que cette sexagénaire, une fidèle de longue date du dirigeant d’extrême droite, n’était « pas exempte de controverses ».
Une allusion au fait qu’elle aurait, en 2015, détourné de l’argent de son parti au profit de son fils, selon des enquêtes de médias. En 2017, elle avait dénoncé la nomination du maire de la ville d’Arnhem, Ahmed Marcouch, une figure populaire du parti social-démocrate, en scandant « Pas d’Arnhemmistan ! Nous perdons notre pays ! ». En 2019, elle citait « des sources fiables » pour désigner, à tort, un Nord-Africain comme responsable d’une attaque au couteau à Groningue. L’élue s’est aussi rendue célèbre en plaidant contre « le grand remplacement » et pour avoir demandé à M. Rutte si « une cinquième colonne », à savoir des partisans de l’islamisme, ne se cachait pas derrière son gouvernement.
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