LETTRE DE BRUXELLES
A peine les résultats des élections européennes connus, le 9 juin, les grandes manœuvres ont commencé au Parlement européen. Après le vote, l’heure est aux négociations, en coulisse, alors que chacun des groupes politiques, qui structurent l’hémicycle strasbourgeois, compte ses troupes et cherche à les accroître autant que possible. Une sorte de second tour, dont l’issue pourrait être décisive pour la vie des institutions bruxelloises.
Pour rappel, à ce jour, les différentes formations politiques des vingt-sept Etats membres sont réparties en sept groupes, qui rassemblent la grande majorité des 720 eurodéputés nouvellement élus : les droites européennes du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D), les libéraux de Renew, les Verts, les droites nationalistes et populistes des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et d’Identité et démocratie (ID), la gauche radicale (The Left).
A leurs côtés, on trouve des partis bien établis mais sans affiliation – comme le Fidesz hongrois de Viktor Orban, contraint de quitter le PPE en 2021, ou le parti allemand Alternative für Deutschland (AfD), exclu d’ID il y a quelques semaines – ainsi que des formations politiques encore embryonnaires ou des élus isolés, qui n’étaient jusqu’ici pas représentés au Parlement européen.
Chaque recrue rapporte
Les groupes existants sont en chasse : ils cherchent à débaucher chez leurs concurrents mais aussi à puiser dans ces réserves d’une centaine d’eurodéputés pour gagner encore quelques sièges. L’enjeu est politique, bien sûr. Il est aussi financier, alors que les moyens d’un groupe sont proportionnels à sa taille. Dans ce contexte, chaque recrue rapporte.
L’affaire n’est pas toujours simple. Ainsi le Fidesz a dit son intention de rejoindre ECR, mais certaines délégations du groupe refusent de cohabiter avec les amis de Viktor Orban, qu’ils jugent radioactif, et menacent de chercher un hébergement ailleurs. C’est le cas du parti ODS du premier ministre tchèque Petr Fiala, que le PPE aimerait bien récupérer, des Démocrates de Suède qui soutiennent le gouvernement suédois, ou encore des nationalistes flamands de la N-VA, qui ont entamé des discussions informelles avec Renew.
Côté ID, aussi, les équilibres sont fragiles. Alors que le Rassemblement national (RN) en est la première délégation, Marine Le Pen préconise une alliance avec ECR, mais, pour l’heure, elle n’a pas été entendue. A Bruxelles, le 12 juin, elle a par ailleurs rencontré deux de ses alliés au sein d’ID – Geert Wilders, à la tête du PVV néerlandais, et Matteo Salvini de la Ligue italienne – pour évoquer la suite.
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