La mauvaise nouvelle a cueilli Luiz Inacio Lula da Silva au moment même où il embarquait pour l’étranger. Invité du G7, le président du Brésil était en partance, mercredi 12 juin, pour une tournée en Europe lorsqu’il a appris la mise en cause par la police fédérale de son ministre des communications, Juscelino Filho. Celui-ci est accusé de corruption passive, fraude, blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle.
Le ministre aurait utilisé à des fins personnelles des fonds publics alloués au pavage de routes dans l’Etat du Maranhao (Nordeste), son fief, dont il était jusqu’en 2023 le député. Les travaux auraient bénéficié quasi exclusivement aux propriétés du clan familial, implanté dans la ville de Vitorino Freire, pour une somme de 7,5 millions de reais (1,3 million d’euros).
A 39 ans, José Juscelino dos Santos Rezende Filho (son nom complet) fait figure de mouton noir du gouvernement. Début 2023, le quotidien Estadao accusait déjà le ministre d’avoir voyagé de Brasilia à Sao Paulo à bord d’un avion de l’armée de l’air dans le but d’assister à des enchères d’équidés. Selon le journal, le ministre aurait également omis de déclarer à la justice électorale pour 380 000 euros de patrimoine constitué de chevaux de race.
Juscelino Filho a péniblement essayé de se défendre face à la presse. L’enquête « qui aurait dû être un instrument pour découvrir la vérité, semble avoir dévié de son but originel. Au lieu de cela, elle s’est concentrée sur la création d’un récit de culpabilité, face à l’opinion publique, avec des fuites sélectives et sans prendre en compte les faits objectifs », s’est plaint le ministre à la suite de son inculpation, se disant certain que son « innocence » serait « démontrée à l’issue de ce procès ».
La corruption sortie des débats
L’affaire vient embarrasser un Lula dont la popularité s’effrite malgré de bons résultats économiques. « Si un type a été inculpé, ça ne signifie pas que ce type a commis une erreur. Ça signifie juste que quelqu’un l’accuse et que cette accusation a été jugée recevable », a balayé le président depuis Genève, le 13 juin, appelant son ministre à « prouver son innocence ». « Je vais lui parler et prendre une décision », a fini par lâcher Lula.
Incarcéré durant 580 jours dans le cadre de l’enquête anticorruption du Lava Jato (« lavage express »), entre 2018 et 2019, avant d’être libéré et de voir l’ensemble de ses poursuites annulées, Lula se méfie de la justice de son pays. Mais le héros de la gauche sait aussi que son image ainsi que celle du Parti des travailleurs (PT) ont été ternies aux yeux d’une large partie de l’opinion publique.
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