Les pertes de mémoire volontaires sont un phénomène courant en politique. Elles permettent de parler avec aplomb, comme si les vérités d’hier n’avaient jamais existé. Mardi 16 juillet, chacun à leur façon, Ron DeSantis et Nikki Haley en ont offert une illustration saisissante, lors la convention du Parti républicain, à Milwaukee (Wisconsin).
Le gouverneur de Floride et l’ancienne ambassadrice à l’ONU, tous deux défaits et malmenés par Donald Trump pendant les primaires, ont plié le genou devant lui, assis en tribune tel un empereur romain silencieux, repu de compliments. Le premier l’avait annoncé dès son retrait. La seconde, en revanche, a tardé, hésité et ne devait même pas participer à la convention. Au cours d’une soirée électrique, ils ont prêté allégeance au même homme dont ils avaient critiqué le bilan, la personnalité, les excès.
Ron DeSantis, comme à l’accoutumée, parla comme on conduit un dragster. Sans aucun état d’âme, ni mention des primaires, il enchaîna ses classiques de campagne, de « l’idéologie du genre » aux vaccins obligatoires, en passant par la crise migratoire. Il érigea la Floride en exemple et s’en prit à Joe Biden en des termes sévères, illustrant à quel point les appels à la modération, après la tentative d’assassinat contre Donald Trump, étaient une parenthèse pour crédules. Quant aux termes de son ralliement, ils furent emphatiques. « Donald Trump a été diabolisé. Il a été visé par des plaintes, il a été poursuivi et il a presque perdu la vie. On ne peut pas le laisser tomber et on ne peut pas laisser tomber l’Amérique ! »
L’après-Trump
Le public des délégués était extatique, confirmant par ses cris et ses applaudissements que Ron DeSantis conserve une forte cote au sein du monde MAGA (Make America Great Again). Début 2023, le gouverneur de Floride représentait l’alternance post-trumpienne, en cohérence idéologique avec le mouvement. Il avait amassé un trésor de guerre monumental de près de 150 millions de dollars (137,5 millions d’euros). Une campagne catastrophique et les assauts quotidiens de Trump causèrent sa perte.
Deux jours avant le New Hampshire, en janvier, Ron DeSantis s’est retiré de la course, apportant son soutien au futur vainqueur. Se repliant sur la Floride, le gouverneur a ensuite mobilisé les donateurs républicains qui l’avaient aidé afin qu’ils renforcent les moyens de l’ancien président. Agé de 45 ans, DeSantis se positionne déjà pour l’après-Trump, et la dispute incontournable autour de son héritage. Le soudain avènement de J. D. Vance, 39 ans, comme colistier, alors que ce dernier est sénateur depuis peu, encombre son chemin.
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