Viktor Orban a un goût assumé pour la provocation. Alors que la Hongrie s’apprête à prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE), lundi 1er juillet, pour une durée de six mois, le premier ministre hongrois a choisi de l’inscrire sous un slogan purement trumpien : « Make Europe great again », « MEGA » en abrégé. Le dirigeant nationaliste, qui a rendu visite à son « ami » Donald Trump en mars, sait pourtant à quel point ses homologues s’inquiètent de voir revenir à la Maison Blanche le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. « A ma connaissance, Donald Trump n’a jamais voulu rendre l’Europe forte », a d’ailleurs plaisanté le ministre hongrois des affaires européennes, Janos Boka, en réponse à une question sur ce choix.
Même si Viktor Orban rêve de détricoter cette Europe qu’il compare souvent à l’URSS pour en faire une simple « Europe des nations », il sait bien que la présidence du Conseil de l’UE ne l’aidera pas à parvenir à ses fins. Le pays qui occupe cette présidence tournante a en effet pour mission de définir certaines priorités, d’organiser les débats entre les Etats membres et de chercher un compromis entre eux sur les législations en cours d’examen, tout ceci en restant un médiateur impartial. « Pour l’avoir déjà exercée [en 2011], il ne faut pas surestimer cette présidence », a reconnu le premier ministre hongrois, désireux de « rassurer ceux qui, en Europe, sont terrifiés par cette perspective », dans un entretien au Point, le 29 mai.
De fait, certains, au sein des institutions européennes s’inquiètent de voir ce pays illibéral et proche du Kremlin occuper cette fonction, en ces temps de guerre en Ukraine et à un moment où l’extrême droite est aux portes du pouvoir en France. Le 30 mai 2023, la secrétaire d’Etat allemande aux affaires européennes et au climat, Anna Lührmann, avait ainsi exprimé ses « doutes sur la capacité de la Hongrie à mener à bien » cette mission, dans ces circonstances. Son homologue néerlandais, Wopke Hoekstra, avait, ce même jour, fait part de son « inconfort » à cette perspective. « C’est ce que nous ressentons tous », avait-il assuré.
Le rôle de Budapest sera minimal
Le 1er juin 2023, le Parlement européen avait voté, à une large majorité, une résolution (non contraignante) dans laquelle les eurodéputés se demandaient comment Budapest « pourrait remplir sa tâche de manière crédible au vu de son non-respect du droit et des valeurs de l’UE » et réclamant au Conseil de « trouver une solution dès que possible ». Tout en sachant que les traités ne prévoient pas d’exception à la rotation des présidences tous les six mois. Une seule fois dans l’histoire communautaire, un pays s’en est abstrait – le Royaume-Uni –, mais c’était à se demande, en 2017, après le vote en faveur du Brexit.
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