Les amis deviennent parfois gênants. Sheikh Hasina, qui a trouvé refuge en Inde depuis son départ forcé du Bangladesh, le 5 août, fait désormais l’objet, avec d’autres responsables, d’une enquête pour meurtre, diligentée par un tribunal de Dacca, pour la mort d’un homme durant les manifestations contre son gouvernement. Le nombre de personnes tuées lors de ces troubles est estimé à plus de quatre cent cinquante.
L’ancienne première ministre a répliqué dans un communiqué publié par son fils, Sajeeb Wazed Joy, sur le réseau X. Elle exige des investigations pour identifier et traduire en justice les responsables des meurtres « odieux » et des « actes de sabotage », et avait appellé ses partisans à se mobiliser jeudi 15 août en allant fleurir la maison musée de son père, l’ancien premier ministre Sheikh Mujibur Rahman, incendiée et vandalisée par la foule des manifestants. Mais le rassemblement a tourné court : les participants ont été contraints de se replier face à une foule hostile, armée de bâtons.
Sheikh Hasina avait fait en 1996 de l’anniversaire de la mort de son père, héros de la guerre d’indépendance tué dans un coup d’Etat en 1975, un jour férié, une décision annulée par le gouvernement intérimaire dirigé par Muhammad Yunus.
Le séjour à Delhi de la dame de fer, présenté comme « temporaire » par le chef de la diplomatie indienne, risque de s’éterniser à défaut qu’elle soit accueillie par un pays tiers. Aucune information n’a filtré sur son lieu de résidence. Tout juste sait-on par la presse indienne que Sheikh Hasina a atterri le 5 août sur la base militaire de Hindon, à Ghaziabad, dans la banlieue de Delhi, et que le conseiller à la sécurité nationale, Ajit Doval, très proche du premier ministre indien, Narendra Modi, lui a rendu visite.
Fausses informations
Sheikh Hasina sait qu’elle peut compter sur son hôte. Depuis 2014, les deux homologues ont noué des relations très privilégiées. La première ministre bangladaise avait d’ailleurs été la première invitée officielle, en juin, après la réélection du nationaliste hindou. Ce dernier n’a jamais rien trouvé à redire sur les dérives autocratiques de la « bégum de fer ». Il a fait du Bangladesh une pièce maîtresse de sa politique neighborough first (« le voisinage d’abord »), obsédé par sa détestation du Pakistan et sa concurrence avec la Chine. Et il se montrait soucieux de soutenir une alliée intransigeante vis-à-vis des groupes islamistes extrémistes et des éléments séparatistes anti-Indiens dans le Nord-Est. L’Inde partage avec le Bangladesh 4 000 kilomètres de frontière.
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