Six mois après son veto, le gouvernement italien a finalement donné son feu vert à la vente à Safran de Microtecnica, l’activité « commandes de vol » de l’américain Collins Aerospace dans la Péninsule. Avec 1,8 milliard de dollars de valeur d’entreprise (1,65 milliard d’euros), c’est la plus importante acquisition réalisée par l’équipementier aéronautique français depuis le rachat de Zodiac, en 2018, pour 10 milliards d’euros. « Safran a été informé de la décision du gouvernement italien d’approuver finalement la vente à Safran de Microtecnica S.r.l, société regroupant les actifs concernés en Italie », indique-t-il dans un communiqué.
Cette activité de Collins Aerospace, qui emploie 3 700 personnes sur huit sites en Europe (France, Royaume-Uni, Italie) et en Asie, était jugée stratégique par la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, qui avait fait jouer le « golden power » de l’Etat. Son décret soulignait que cette cession constituait « une menace exceptionnelle pour les intérêts essentiels de la défense et de la sécurité nationale ». Tout semblait donc bloqué pour Safran, alors que Microtecnica ne représente que 15 % du chiffre d’affaires de la division convoitée de Collins Aerospace.
Le « décret Meloni », appuyé par Berlin, soulignait les craintes que Safran n’interrompe la fourniture de pièces de rechange pour l’avion de combat européen Typhoon Eurofighter et le Tornado britannique – deux appareils utilisés par l’Aeronautica Militare et la Luftwaffe et dont Microtecnica est un fournisseur – et ne privilégie le Rafale français. Comment un équipementier aéronautique peut-il favoriser un client et aller contre son propre intérêt, qui est d’avoir le plus d’avionneurs possible dans son portefeuille, s’interrogeait-on chez Safran ? Comme si, dans son histoire, le groupe avait privilégié Airbus au détriment de Boeing dans la livraison de ses réacteurs.
« Des garanties adéquates pour les intérêts nationaux italiens »
Après le veto italien, Safran avait déposé un recours, en février 2024, tout comme RTX (ex-Raytheon Technologies), maison mère de Collins Aerospace. Les discussions ont néanmoins repris avec Rome. Le groupe assure avoir « pris un certain nombre d’engagements, compatibles avec les objectifs visés par cette acquisition, qui répondent aux préoccupations exprimées dans le décret initial italien (…) et fournissent des garanties adéquates pour les intérêts nationaux italiens ». De son côté, le Royaume-Uni a fait savoir qu’il ne prendrait aucune mesure contre ce projet. Ce qui, pour Safran, « constitue une autorisation inconditionnelle ».
Il vous reste 34.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.