A chaque fois que Roberta Metsola doit affronter un moment décisif, elle recourt au signe de croix. Mardi 16 juillet, quand, à Strasbourg, les eurodéputés passeront au vote pour décider, ou pas, de la reconduire à la présidence du Parlement européen, la Maltaise de 45 ans se signera sans doute une nouvelle fois. Même si elle sait que le résultat du scrutin devrait lui être favorable.
A l’issue des élections européennes du 9 juin, les différents groupes de l’hémicycle communautaire ont en effet négocié pour s’y répartir les postes à responsabilité : présidence de l’Assemblée, vice-présidences… Venue des rangs chrétiens démocrates du Parti populaire européen (PPE), qui est à nouveau arrivé en tête, Roberta Metsola est une candidate légitime. D’autant que son bilan, à la tête de l’Assemblée communautaire depuis janvier 2022, est plutôt consensuel.
Elle devrait donc être élue pour deux ans et demi, à la suite de quoi, les sociaux-démocrates (S&D), arrivés en deuxième position, devraient placer l’un des leurs. Le PPE, fort de ses résultats, a bien tenté de mettre en cause cette traditionnelle alternance droite/gauche, mais y a finalement renoncé.
Les formations qui composent la majorité au sein de l’hémicycle communautaire (le PPE, les S&D et les libéraux de Renew) devraient apporter leurs voix à Roberta Metsola. Elle devrait aussi récupérer des votes au sein des Verts, de la gauche radicale (The Left) et des droites radicales des Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui se sont également vu promettre des postes d’influence dans ce grand marchandage. La Maltaise sait récompenser ceux qui la soutiennent. En janvier 2022, elle avait été élue avec les voix du PPE, des S&D, de Renew et des Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui avaient récupéré un poste de vice-président aux dépens des Verts.
A l’extrême droite, deux autres groupes – Patriotes pour l’Europe, où siègent le Rassemblement national de Marine Le Pen et le Fidesz du premier ministre hongrois, Viktor Orban, et L’Europe des nations souveraines, créée par l’AfD allemande – ne devraient en revanche pas soutenir la réélection de Roberta Metsola. Soumis au cordon sanitaire, qui les empêche d’occuper des fonctions de responsabilité au sein du Parlement européen, ils n’ont aucune raison de le faire.
Positions anti-avortement
Lorsqu’elle s’était présentée pour la première fois à la présidence de l’Assemblée législative communautaire, Roberta Metsola avait dû s’expliquer sur ses positions contre l’avortement, qui reste interdit dans son pays. Qu’il s’agisse de l’Etat de droit, de l’immigration ou des droits des communautés LGBT, la Maltaise a toujours défendu des positions progressistes. Mais cette mère de quatre enfants mariée à un Finlandais, qui se veut féministe, n’est pas toujours à la pointe du combat pour les droits des femmes. En septembre 2021, la simple eurodéputée qu’elle était alors s’était abstenue sur une résolution parlementaire (sans valeur contraignante) demandant la criminalisation des violences faites aux femmes. Roberta Metsola a toujours assuré qu’elle ferait passer la position du Parlement européen avant ses convictions personnelles, y compris sur le droit à l’avortement, auquel les eurodéputés sont majoritairement attachés, même s’ils n’ont aucune compétence en la matière.
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