samedi, juillet 27, 2024
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Poussée de l’extrême droite, recul écologiste, séismes nationaux… Les leçons du scrutin européen


Si les démocrates libéraux-conservateurs du PPE sont parvenus à se maintenir comme première force du Parlement de Strasbourg, garantissant une certaine stabilité dans les politiques européennes, la poussée de l’extrême droite vient perturber la vie politique de plusieurs États membres. France 24 dresse le bilan en cinq points de ce scrutin européen.

L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, dimanche 9 juin, aura achevé de faire des élections européennes un enjeu de politique nationale. Pourtant, si le résultat du scrutin ne devrait pas entraîner de bouleversements, la poussée de l’extrême droite et, à l’inverse, l’effondrement des Verts, pourrait venir rabattre certaines cartes dans les politiques européennes.

  • « Pas de grands changements de fond dans la politique européenne »

Les résultats des élections européennes sont sans ambiguïté : les libéraux-conservateurs du PPE sont les gagnants du scrutin. Ils progressent et confirment leur place de première formation politique au Parlement strasbourgeois avec 184 sièges sur les 720 disponibles. La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a fait campagne pour le PPE et qui jouait sa reconduction, n’a d’ailleurs pas caché sa satisfaction à l’annonce des résultats : « Le PPE est le groupe politique le plus puissant », a-t-elle lancé. « Nous avons gagné », a abondé Manfred Weber, le président du groupe, notant qu' »après avoir perdu des sièges en 2009, 2014 et 2019, le PPE a regagné des élus en 2024″.

Et comme à l’accoutumée, le PPE est suivi par les sociaux-démocrates, qui malgré la perte d’une dizaine de sièges, en cumulent 139 dans l’hémicycle. Les centristes s’imposent quant à eux comme troisième force.

La nouvelle composition du Parlement européen, selon les projections de 8 h 30, lundi 10 juin.
La nouvelle composition du Parlement européen, selon les projections de 8 h 30, lundi 10 juin. © France 24

Comme en 2019, la coalition des sociaux-démocrates, des centristes et des conservateurs dispose donc de nouveau, en théorie, d’une majorité avec plus de 400 sièges. « Nous pouvons donc prévoir qu’il n’y aura pas de grands changements de fond dans la politique européenne », analyse Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes. « Dans la précédente mandature, la droite modérée et la gauche modérée ont voté certains grands textes en commun, comme le pacte asile et immigration. Les choses vont donc certainement continuer sur la même ligne avec une ligne modérée pour l’écologie, la nécessité de mieux traiter le droit d’asile, le maintien de l’aide à l’Ukraine… »

« Le Parlement européen connaît une certaine stabilité. Le PPE et les sociaux-démocrates restent les deux familles dominantes au niveau européen », abonde Christine Verger, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors. 

Une donnée pourrait cependant venir perturber cette « continuité ». Si Ursula von der Leyen semble « bien partie » pour être reconduite à la tête de la Commission européenne, puisqu’elle « dispose d’une majorité sur le papier », elle est tout de même « sur le fil du rasoir », nuance Christine Verger.

« Les experts estiment à environ 10 % les pertes de voix » qu’elle pourrait subir en raison de dissidents – et dans ce cas, son élection par les eurodéputés ne serait pas assurée. Dans les prochaines semaines, elle devrait donc aller chercher des soutiens ailleurs. Reste à savoir où : elle lorgnait récemment du côté de la figure d’extrême droite, Giorgia Meloni, et des Verts, provoquant systématiquement l’ire à gauche comme à droite. 



  • Une extrême droite plus puissante mais divisée

Les changements qui vont agiter le Parlement européen dans les cinq prochaines années ne se lisent donc pas en haut de l’échiquier politique mais plutôt au milieu, avec une poussée inédite, mais attendue, de l’extrême droite.

Des formations d’extrême droite sont arrivées premières dans plusieurs pays. La France, avec le RN en tête, portera ainsi une trentaine d’eurodéputés à Strasbourg – un chiffre inédit. En Italie, Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la présidente du Conseil Giorgia Meloni, devrait aussi obtenir une vingtaine d’élus, auxquels viendront s’ajouter des élus de la Ligue du Nord de Matteo Salvini. En Autriche, le Parti de la liberté (FPÖ) s’est hissé devant la droite conservatrice et les sociaux-démocrates avec 26 % des voix – soit près de 10 points de plus qu’en 2019, malgré un positionnement radicalisé. Pour cette campagne, leurs affiches clamaient : « Stoppons la folie européenne. »

L’extrême droite se place par ailleurs en deuxième position dans plusieurs États membres. C’est le cas en Allemagne, où l’AfD se classe deuxième dans un scrutin national pour la première fois de son histoire, avec 16 %. En Pologne aussi, avec la formation Droit et justice (PiS), ou encore aux Pays-Bas avec le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Enfin, plusieurs pays enverront pour la première fois des élus nationalistes à Strasbourg, à l’image du Portugal.

Malgré tout, cette poussée est à relativiser, estime Patrick Martin-Genier, en raison des nombreuses divisions qui émaillent les différents groupes radicaux. L’extrême droite est en effet scindée en deux : d’un côté, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) et de l’autre, Identité et Démocratie (ID), classé encore plus à droite et où siège notamment le Rassemblement national. À ces mouvements s’ajoutent tous les élus non affiliés comme les Hongrois du Fidesz – le parti de Viktor Orbán – l’AfD allemand ou encore les nouveaux venus comme La Fête est finie – un mouvement créé en Espagne par un influenceur, qui envoie trois élus à Strasbourg. Or jusqu’ici, ces mouvements n’ont jamais réussi à coopérer en raison de divergences idéologiques lourdes, par exemple sur la Russie.

« Cet hémicycle montre que l’extrême-droite est condamnée à l’échec, car il n’y aura pas d’alliances. Elle aura une capacité de nuisances mais elle restera isolée », prévoit ainsi le spécialiste.

  • L’effondrement des Écologistes

Ils avaient été les grands gagnants des élections européennes de 2019. Ils sont les grands perdants de ce nouveau scrutin. Malgré quelques succès en Suède, aux Pays-Bas et dans les pays baltes, les Verts enregistrent une chute d’environ un tiers de leurs sièges et n’enverront que 52 eurodéputés à Strasbourg. Alors qu’ils constituaient la quatrième force politique, ils sont rétrogradés en sixième position.

Entre les deux élections, les Vingt-Sept ont pourtant adopté le Pacte vert, avec plus de soixante législations destinées à amener les Européens vers la neutralité carbone en 2050. Mais la guerre en Ukraine, l’inflation, la flambée des prix de l’énergie et la crise des agriculteurs sont venues perturber ces ambitions écologiques.

« Lors de l’élection de 2019, le climat était une problématique clé pour les électeurs. » Aujourd’hui, les inquiétudes portent sur la sécurité dans le contexte de guerre en Ukraine et de forte inflation « et les Verts n’ont pas su répondre à cette demande », estime ainsi Francesco Nicoli, de l’institut Bruegel. Leurs idées pour l’environnement, qui engendrent des coûts supplémentaires pour les consommateurs, ont au contraire mobilisé l’électorat contre eux.

Dans ce contexte, la poursuite du Pacte vert, qui n’est plus soutenu que par les Verts, et dans une moindre mesure par les sociaux-démocrates, joue aujourd’hui sa survie.

À lire aussiLe Pacte vert européen, un texte ambitieux mais un avenir menacé

  • Un scrutin européen, des séismes nationaux

Au-delà des résultats, « ces élections montrent aussi comment un scrutin européen peut avoir des implications fortes à l’échelle nationale pour les États membres », note Pawel Zerka, spécialiste des questions européennes au Conseil européen des relations internationales, un think tank basé à Paris.

Des implications immédiates, d’abord : outre la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée dans la foulée des résultats dans l’Hexagone, en Belgique, le faible score du parti au pouvoir a entraîné la démission du Premier ministre Alexander de Croo.

Mais aussi, des implications à plus long terme : « En Allemagne, l’arrivée en tête de l’AfD affaiblit la coalition au pouvoir avant les élections prévues l’an prochain, estime Pawel Zerka. « De même, en Hongrie, le bon score de Peter Magyar le fait émerger pour la première fois comme un rival sérieux à Viktor Orban. »

« En Pologne, aussi, le parti de Donald Tusk est arrivé devant l’eurosceptique PiS pour la première fois en dix ans, consolidant ainsi la position du Premier ministre dans son pays comme à l’étranger« , estime le spécialiste.

  • Des électeurs mobilisés

Dans ce contexte, il faut par ailleurs noter la mobilisation des électeurs pour ce scrutin européen. La participation est en effet en légère hausse par rapport à 2019 et au plus haut depuis 1994.

Dans certains pays, le bond a été impressionnant, comme en Hongrie, où plus de la moitié des électeurs se sont rendus aux urnes. « C’est plutôt une bonne nouvelle pour la démocratie et la légitimité du Parlement européen, estime Christine Verger, de l’institut Jacques Delors. À une époque, on disait qu’il n’était pas légitime parce qu’il était élu par seulement 40 % des électeurs. »

Estimations et résultats élections européennes 2024
Estimations et résultats élections européennes 2024 © Studio graphique FMM



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