
L’affaire est d’autant plus embarrassante pour le camp de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, qu’elle découle d’une attaque venue de sa majorité contre la figure consensuelle du chef de l’Etat. Le président de la République, Sergio Mattarella, a été visé dimanche 2 mai, jour de fête nationale, par un appel à la démission émanant d’un représentant de la Ligue (extrême droite), parti membre de la coalition au pouvoir. Déclenchant une polémique nationale, le sénateur Claudio Borghi, également candidat aux européennes, s’en est pris à M. Mattarella pour un message adressé aux préfets à l’occasion du 78e anniversaire de la République.
Le chef de l’Etat y avait évoqué la « souveraineté » de l’Union européenne, indiquant qu’elle allait être « consacrée » lors des élections des 8 et 9 juin. « S’il pense vraiment que la souveraineté appartient à l’Union européenne et pas à l’Italie, il devrait démissionner par cohérence », avait déclaré en réaction M. Borghi sur son compte X.
L’attaque a d’abord été approuvée par le très eurosceptique vice-président du conseil et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini. Dans l’émission phare de l’audiovisuel public « Mezz’ora » sur Rai 3, ce dernier a déclaré que le 2 juin était « la fête de la République et non celle de la souveraineté européenne » affirmant qu’il ne se « [résoudra] jamais à un super Etat européen ».
Lundi, après vingt-quatre heures de polémiques, M. Salvini s’est résolu à témoigner de son « respect » pour le président Mattarella sans que le sénateur Borghi ne se soit pour sa part dédit. Le coup porté à l’autorité du président est intervenu alors que le débat fait rage sur la réforme constitutionnelle voulue par Mme Meloni, un projet destiné à renforcer la présidence du conseil et dont les détracteurs estiment qu’il pourrait conduire à un affaiblissement du rôle chef de l’Etat comme gardien des institutions.
Figure tutélaire
Dans les derniers jours de la campagne électorale, l’affaire a donné une occasion aux composantes de la majorité, concourant séparément, de faire montre de leurs divergences. Le vice-président du conseil et secrétaire de Forza Italia (centre droit), Antonio Tajani, a ainsi pu faire profession d’« européisme », indiquant qu’il pensait « comme Mattarella ».
Enfin, la présidente du conseil est sortie de son silence, lundi soir, se disant « très contente » que M. Salvini ait « clarifié » ses positions. Faisant référence aux réactions outrées de l’opposition contre cette attaque « sans précédent » selon Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (PD, centre gauche), Mme Meloni a dénoncé une « tentative de tirer le président Mattarella dans l’arène politique et de parler de prétendues divergences avec le gouvernement ».
Il vous reste 43.22% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.