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« On observe un tassement de la demande d’asile sur le premier semestre 2024 en France »


Le siège de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 22 février 2024.

Julien Boucher est le directeur de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), qui publie son rapport annuel jeudi 18 juillet. Alors que le niveau de la demande d’asile observe un « tassement » en 2024, il rappelle que la France se situe dans la moyenne européenne et loin derrière l’Allemagne.

La France a enregistré, selon Eurostat, près de 52 000 demandes d’asile sur les quatre premiers mois de 2024, près de deux fois moins que l’Allemagne. Cela tempère l’idée d’un pays attractif ?

La France est dans la moyenne européenne si l’on rapporte le nombre de demandes d’asile qui y sont déposées à la taille de la population. En 2023, nous avons enregistré plus de 142 500 demandes. C’est un niveau élevé, en augmentation de 9 %, néanmoins nettement en deçà de la hausse européenne moyenne de 18 %, et loin derrière le niveau de l’Allemagne, qui a reçu à elle seule plus de 330 000 demandes.

Ce n’est pas nouveau, mais les Syriens – qui sont les premiers demandeurs d’asile en Europe – vont très majoritairement en Allemagne, en raison de l’existence d’une importante diaspora, qui demeure l’un des principaux facteurs explicatifs de l’orientation des personnes vers un pays plutôt qu’un autre.

L’année 2024 marque-t-elle une évolution de la demande ?

Même si nous n’avons pas encore de chiffres consolidés, on observe, en France comme en Europe, un tassement de la demande d’asile sur le premier semestre 2024. C’est le résultat d’évolutions contrastées. Il y a une baisse des demandes afghanes, bangladaises et turques, qui étaient les trois premiers pays d’origine en 2023. En revanche, on a des demandes très dynamiques en provenance d’Ukraine, d’Haïti et du Soudan. Les Ukrainiens qui demandent l’asile ont pour l’essentiel déjà obtenu une protection temporaire mais, compte tenu de l’inscription du conflit dans la durée, leurs perspectives de retour s’amenuisent et ils cherchent à obtenir un statut plus durable.

La demande haïtienne, principalement localisée en Guyane, est liée à la dégradation dramatique de la situation sécuritaire du pays et à la violence des gangs qui contrôlent notamment des secteurs entiers de Port-au-Prince. Nous avons enfin un écho modéré de ce qui se passe au Soudan, où se joue la principale crise de déplacements forcés dans le monde. Cette part croissante de pays en guerre dans la demande nourrit la hausse du taux de protection. Nous avons rendu 33 % de décisions positives en 2023, contre 29 % en 2022, et cette hausse se poursuit.

La Cour nationale du droit d’asile (CNDA), l’instance de recours des demandeurs déboutés par l’Ofpra, a rendu, le 11 juillet, une décision importante sur les demandeuses d’asile afghanes. Comment cela va-t-il impacter vos décisions ?

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