L’événement devait marquer rien de moins qu’une « nouvelle page dans l’histoire du sport », selon les mots du vice-premier ministre russe, Dmitri Tchernychenko. Las, le bilan des Jeux des BRICS, organisés par la Russie du 12 au 24 juin, apparaît pour le moins mitigé. Au point même que les discours triomphants ont peu à peu laissé la place à une certaine discrétion. Le président russe, Vladimir Poutine, ne s’est pas même déplacé à Kazan, au Tatarstan, qui accueillait la compétition, pendant que le ministre des sports qualifiait d’« absurde » le fait de comparer l’événement avec les Jeux olympiques qui s’ouvrent à Paris le 26 juillet.
Difficile, toutefois, de ne pas faire ce parallèle, et la partie russe elle-même l’a entretenu en promettant une compétition « sans discrimination et sans politisation ». Soit, selon la rhétorique de Moscou, l’exact opposé des JO, pour lesquels seule une poignée d’athlètes russes mais aussi biélorusses est attendue. Le Comité international olympique (CIO) a en effet validé, le 15 juin, la participation de seulement vingt-cinq d’entre eux (contre 438 en 2020, à Tokyo), sous bannière neutre et après avoir vérifié qu’ils n’avaient pas apporté leur soutien à l’invasion de l’Ukraine.
Avec 2 852 athlètes concourant dans 387 épreuves, ces Jeux des BRICS organisés à quelques semaines des JO devaient pourtant marquer les esprits. « Vladimir Poutine veut montrer, par le biais du sport, que les pays non-occidentaux peuvent s’allier entre eux pour proposer une nouvelle vision géopolitique du monde », résume Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris, spécialiste de géopolitique du sport.
Un chiffre résumait cette ambition : 90 pays ont initialement été annoncés – soit bien plus que le bloc des BRICS à proprement parler (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, auxquels se sont ajoutés en 2024 l’Iran, l’Egypte, l’Ethiopie et les Emirats arabes unis). Les premières éditions, à partir de 2016, étaient de taille modeste.
Le chiffre finalement communiqué de 82 délégations comprend toutefois des territoires non reconnus, comme les régions georgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, occupées par la Russie.
« Evénements prétendument sportifs »
Des sportifs des pays des BRICS, de Thaïlande, de Mongolie ou encore de Corée du Nord et d’Afghanistan ont tout de même fait le déplacement à Kazan, mais très peu d’athlètes de premier plan étaient présents. Pour Lukas Aubin, l’absence de grands noms s’explique en partie par les pressions du CIO. Thomas Bach, président de l’organisation, avait déclaré en novembre 2023, devant les fédérations sportives internationales : « Aucun d’entre nous ne doit participer de quelque manière que ce soit à de tels événements prétendument sportifs, à visée politique. »
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