Situé en plein cœur de Téhéran, l’Institut français de recherche en Iran (IFRI) a longtemps constitué une référence pour l’étude du monde iranien, offrant un appui essentiel aux chercheurs, qu’ils soient iraniens ou étrangers. Ces dernières années, cependant, cet institut, qui abritait un fonds exceptionnel de plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages en diverses langues, s’est trouvé pris dans les tensions diplomatiques croissantes entre l’Iran et la France. Ces dissensions ont culminé récemment avec ce qui s’apparente à la disparition de l’IFRI, tel qu’il était connu jusqu’à présent, de l’immeuble qu’il occupait depuis presque quarante ans.
Fermé en janvier 2023 à la suite de la publication de caricatures du Guide suprême, Ali Khamenei, par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, l’IFRI a été placé sous scellés par les autorités iraniennes en août 2024. D’après les informations recueillies par Le Monde, l’ambassade de France à Téhéran a appris, en janvier, que les locaux de l’institut avaient été envahis par des toxicomanes. Le bâtiment, complètement saccagé, présentait des traces d’incendies, tandis que le matériel électronique avait été détruit et le mobilier, notamment celui ayant appartenu à l’iranologue Henry Corbin, endommagé.
Jusqu’à présent, aucune explication officielle n’a été fournie par les autorités iraniennes, et la police n’est pas intervenue malgré les demandes répétées de l’ambassade de France, ce qui soulève de nombreuses questions, notamment celle de savoir comment les scellés ont pu être cassés. Cette situation est d’autant plus intrigante que l’IFRI se situe dans un quartier hautement surveillé, abritant plusieurs institutions administratives iraniennes.
Trois ressortissants français détenus
Fondé en 1983, l’IFRI a été un centre majeur pour la recherche en sciences humaines, sociales et archéologiques sur l’Iran, couvrant la période de la Préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine. Il résultait de la fusion entre la Délégation archéologique française en Iran, créée en 1897 par Jacques de Morgan, et l’Institut français d’iranologie de Téhéran, fondé en 1947 par Henry Corbin. Placé sous la tutelle du ministère français des affaires étrangères, l’IFRI ne bénéficiait toutefois pas de l’immunité diplomatique. Téhéran accuse souvent l’Occident d’ingérence dans ses affaires internes. La disparition physique de l’IFRI dans ses anciens lieux signe une nouvelle montée de tensions entre Paris et Téhéran.
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