Le chef d’état-major de l’armée russe, Valeri Guerassimov, et l’ex-ministre de la défense, Sergueï Choïgou, sont désormais dans la ligne de mire de la Cour pénale internationale (CPI). Les juges ont émis, lundi 24 juin, des mandats d’arrêt contre les deux hommes, suspectés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis entre le 10 octobre 2022 et le 9 mars 2023 en Ukraine. Des crimes perpétrés « dans le contexte des actes d’agression commis par les forces militaires russes contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, qui a commencé en 2014 », a précisé le procureur Karim Khan dans un communiqué.
Peu après la décision de la CPI, rendue publique mardi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a salué cette annonce sur le réseau social X, estimant qu’elle « indique clairement que l’action de la justice pour les crimes russes contre les Ukrainiens est inévitable ». Il a ajouté attendre « avec impatience d’autres mandats d’arrêt afin de priver la Russie de son sentiment d’impunité », un sentiment qui a, selon lui, « alimenté les crimes russes pendant des décennies ».
De son côté, l’agence officielle de presse russe Tass rapporte que le conseil de sécurité de Russie, dont Sergueï Choïgou est devenu le secrétaire en mai, après avoir été pendant douze ans ministre de la défense, a jugé la décision de la CPI « insignifiante ».
Les deux mandats d’arrêt, dont le contenu a été classifié « secret » par la Cour « afin de protéger les témoins et de sécuriser les enquêtes », portent sur la première campagne de bombardements ciblant les centrales électriques ukrainiennes. A l’entrée de l’hiver 2022, les forces russes avaient pilonné plusieurs sites à Kiev, Kharkiv, Kherson, Odessa et Mykolaïv, notamment. Dans la seule journée du 10 octobre 2022, près de 40 % des infrastructures énergétiques de l’Ukraine avaient été détruites par les missiles russes, selon les autorités à Kiev.
« Justice sera rendue »
Les infrastructures électriques sont considérées comme à double usage, militaire et civil, et peuvent être légalement la cible d’attaques lors d’un conflit armé. Les trois juges ont néanmoins estimé que « les dommages civils » étaient « clairement excessifs par rapport à l’avantage militaire escompté » et ont qualifié les faits de crimes de guerre. Le communiqué de la Cour annonce qu’ils ont examiné l’effet des attaques russes « sur la sûreté et la sécurité des civils, y compris les plus vulnérables, comme les personnes âgées, les femmes et les enfants ».
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