Jusqu’en février 2022, peu connaissaient la libérale Kaja Kallas en dehors des frontières de son pays. L’Estonienne n’était alors que la première ministre du plus petit des Etats Baltes. L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie a tout changé. Partisane d’un soutien inconditionnel à l’Ukraine, elle se retrouve propulsée sur la scène internationale. A 47 ans, elle a été désignée, jeudi 27 juin, lors du Conseil européen, haute représentante de l’Union européenne, vice-présidente de la Commission européenne, un poste occupé jusqu’à l’automne par le socialiste espagnol Josep Borrell.
Après avoir envisagé le poste de secrétaire général de l’OTAN – Mark Rutte a finalement obtenu la fonction, mercredi –, elle a fini par mener une campagne assidue, soutenue par toute l’Europe centrale et orientale, pour devenir la future cheffe de la diplomatie à Bruxelles, d’autant qu’à Tallinn, son étoile est en train de sérieusement pâlir.
A l’été 2023, un premier scandale a éclaté autour de sa personne. Les médias estoniens ont révélé que l’entreprise de logistique détenue à 25 % par son mari, Arvo Hallik, qui en était aussi le directeur financier, entretenait des liens avec une société toujours active en Russie. Un comble pour Kaja Kallas, qui s’est fait connaître du grand public pour ses alertes répétées contre les menaces incessantes de Moscou contre Kiev, quelques mois seulement avant l’invasion russe de l’Ukraine.
Une mère déportée par les Soviétiques
Plus récemment, son gouvernement, qui milite sur la scène internationale pour augmenter les dépenses en matière de défense, a été accusé par le chef d’état-major de l’armée estonienne, le général Martin Herem, de ne pas financer suffisamment la défense du pays. Lors des élections européennes, son parti est arrivé en troisième position.
Cette ancienne avocate, qui s’exprime franchement, ne sera pas perdue à Bruxelles, où elle a commencé sa carrière politique. Elle a été eurodéputée de 2014 à 2018 avant de rentrer à Tallinn pour prendre la tête du Parti de la réforme (centre droit), fondé par son père, Siim Kallas, en 1994. Ce dernier n’est pas du tout inconnu à Bruxelles. Après avoir été premier ministre de l’Estonie, il est devenu en 2004, et pour dix ans, le premier commissaire européen de son pays quand celui-ci a rejoint l’UE.
L’histoire de la famille Kallas est par ailleurs étroitement liée à celle de l’Estonie. De 1918 à 1920, son arrière-grand-père paternel commande la Ligue de la défense estonienne lors de la guerre d’indépendance. A l’armistice, il devient le premier chef de la police de la toute nouvelle république d’Estonie.
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