La confrontation très codifiée, de basse intensité, entamée il y a plus de huit mois, entre l’armée israélienne et le Hezbollah, va-t-elle dégénérer en guerre ouverte ? Les deux parties semblent l’envisager et en agitent la menace avec une force inédite. Dans une allocution télévisée, mercredi 19 juin, le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a promis de frapper en profondeur le territoire israélien en cas d’ouverture des hostilités par l’Etat hébreu. « L’ennemi sait parfaitement que nous nous sommes préparés au pire (…) Il sait qu’aucun lieu (…) ne sera protégé contre nos missiles et nos drones », a-t-il tonné, rappelant avoir à sa disposition des « listes de cibles » en Israël que les armes du Parti de Dieu pourraient viser, incluant potentiellement des infrastructures et des zones habitées.
Etendant le registre de ses menaces, Hassan Nasrallah a aussi déclaré inclure Chypre dans ses cibles potentielles. « Une ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre », a martelé Hassan Nasrallah.
Ces déclarations incendiaires répondent à un durcissement rhétorique du côté de l’Etat hébreu. Mardi, l’armée israélienne avait annoncé que « des plans opérationnels pour une offensive au Liban » venaient d’être « approuvés et validés ». Le ministre des affaires étrangères israélien, Israel Katz, avait ajouté : « Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le Liban. Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera touché durement. »
Le lendemain, une réunion aux allures de conseil de guerre réunissant les principaux dirigeants de l’armée s’est tenue au siège du commandement nord de l’armée israélienne, en présence du ministre de la défense, Yoav Gallant. Ce dernier, dès le mois de mai, prédisait un « été chaud » sur ce que, en Israël, on nomme le « front nord », laissant planer la menace du déclenchement d’une intervention militaire au Liban.
« Imposer leur propre rythme »
Même si une attaque de but en blanc paraît peu vraisemblable, les observateurs estiment que le moment de vérité approche. Le Hezbollah présente son action militaire contre Israël, déclenchée le 8 octobre 2023, comme une riposte à la guerre que mène l’Etat hébreu à Gaza. La désescalade à la frontière israélo-libanaise a comme condition préalable la fin des hostilités dans l’enclave palestinienne. Si les négociations en vue d’un cessez-le-feu piétinent, une petite fenêtre d’opportunité est peut-être sur le point de s’ouvrir, qui permettrait au Parti de Dieu de se désengager de la confrontation sans paraître se dédire.
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