Les commentaires affligés se multiplient dans les rangs conservateurs au fur et à mesure que réapparaissent des extraits d’entretiens embarrassants pour J. D. Vance, le candidat choisi par Donald Trump au poste de vice-président. Issu d’une famille pauvre et dysfonctionnelle, devenu un parfait exemple de réussite sociale dont il a tiré en 2016 un best-seller, Hillbilly Elegy (Hillbilly Elégie, Globe, 2017), le sénateur de l’Ohio était surtout attaqué par les démocrates, jusque-là, pour ses positions radicales sur l’avortement, qu’il s’agisse du refus d’exception dans des cas extrêmes tels que le viol ou l’inceste, ou bien de l’opposition à ce qu’une femme de son Etat puisse se rendre dans un autre Etat plus soucieux de ses droits pour interrompre une grossesse.
Les électeurs américains ont découvert que cette position s’inscrivait dans une vision de la société qui oppose les citoyens selon qu’ils ont, ou pas, des enfants. Dans un entretien en 2021 avec l’animateur controversé Tucker Carlson, qui officiait alors sur la chaîne conservatrice Fox News, J. D. Vance avait raillé des personnalités démocrates, dont la vice-présidente Kamala Harris et le secrétaire aux transports Pete Buttigieg, en utilisant un cliché misogyne, les « femmes à chats malheureuses » qui « veulent donc rendre le reste du pays malheureux lui aussi » et n’ayant pas d’« intérêt direct » au bien du pays, faute d’héritiers.
La démocrate n’a pas d’enfants mais son époux, Doug Emhoff, a eu un garçon et une fille d’un premier mariage. Homosexuel assumé, Pete Buttigieg élève avec son mari des jumeaux adoptés.
Mépris social
La déclaration de J. D. Vance ne relevait pas de la bourde. A une autre occasion, il a assuré que « les personnes les plus dérangées et les plus psychotiques sont toujours celles qui n’ont pas d’enfants à la maison ». Dans un autre extrait, J. D. Vance, qui s’entretenait avec un polémiste conservateur, Charlie Kirk, a plaidé pour une imposition plus élevée pour les personnes sans enfant. « Remarquable capacité à faire passer pour effrayante et injuste une partie du code des impôts qui bénéficie depuis longtemps d’un large soutien bipartisan », a déploré la revue conservatrice National Review.
Le Wall Street Journal, que J. D. Vance prend régulièrement pour cible en le trouvant trop modéré, s’en est également ému le 26 juillet dans un éditorial. « Les conservateurs avaient l’habitude de croire en un code fiscal neutre qui ne faisait pas de favoritisme, mais M. Vance suggère que le code soit utilisé comme une arme politique et culturelle contre les personnes qui ne partagent pas ses valeurs », a regretté le quotidien des affaires.
Il vous reste 19.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.