Le gouvernement du Québec a présenté jeudi 31 octobre un moratoire jusqu’au 30 juin 2025 sur deux programmes prisés d’immigration permanente. L’un – le programme régulier des travailleurs qualifiés – a permis à plus de 25 000 personnes de s’établir au Québec en 2023 sur un total 53 000 immigrants admis. Le second – le volet « diplômés » du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) – est considéré comme la voie rapide des étudiants étrangers pour devenir résidents permanents dans la province.
Québec justifie ce gel en raison du trop grand succès du volet étudiant, qui pourrait voir un triplement de son contingent en un an, à près de 15 000, d’après l’estimation du gouvernement. Au total, sans ce coup d’arrêt, « on aurait pu frôler les 70 000 immigrants permanents [en 2025] », a soutenu le ministre de l’immigration, Jean-François Roberge, jeudi. Un seuil qui excède la capacité d’accueil de la province, selon lui.
La plupart des partis d’opposition du Québec ont dénoncé le moratoire. « C’est s’attaquer à des étudiants internationaux, (…) qui parlent français, qui sont ici, (…) qui veulent s’intégrer », a notamment fustigé le député libéral André A. Morin
Un coup de frein de plus
Ce gel est un coup de frein de plus de Québec sur l’immigration, une compétence partagée avec la capitale fédérale Ottawa. Depuis septembre, le gouvernement québécois a déjà suspendu partiellement une voie d’immigration temporaire pour les travailleurs étrangers.
Ces dernières semaines, le Canada s’est mis au diapason. Fin octobre, le gouvernement de Justin Trudeau, qui visait 500 000 résidents permanents en 2025, a réduit sa cible à 395 000, et veut faire baisser la part des immigrants temporaires dans la population. Avec ces mesures, les deux niveaux de gouvernement tentent, notamment, d’atténuer la tension actuelle sur le marché du logement.
Depuis l’annonce du moratoire québécois, le téléphone de l’avocate en immigration Nadia Barrou n’arrête pas de sonner. « On a senti un vent de panique ! Mais beaucoup d’étudiants ont encore des possibilités pour rester ici, comme la demande d’un permis de travail post-diplôme. » Ceux qui envisageaient de recourir à l’autre programme suspendu peuvent demander un accompagnement auprès de leur employeur pour prolonger leur permis de travail, en attendant la fin du gel, mais tous les emplois ne sont pas éligibles.
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