Le directeur de l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, Mohammed Abou Salmiya, a accusé, lundi 1er juillet, Israël de « tortures », à sa libération après plus de sept mois de détention.
Des dizaines de prisonniers palestiniens, dont le directeur de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire palestinien, ont été libérés par l’Etat hébreu et transférés vers des centres médicaux de la bande de Gaza, a dit lundi à l’Agence France-Presse (AFP) une source médicale de l’hôpital Al-Aqsa, à Deir Al-Balah (Centre). Cinq d’entre eux y ont été admis et les autres ont été transférés vers des hôpitaux de Khan Younès (Sud), d’après cette source.
Le Shin Beth, le service de renseignement intérieur israélien, a affirmé dans un communiqué avoir été, avec l’armée, chargé de « libérer des dizaines de prisonniers afin de libérer des places dans les centres de détention ». Le Shin Beth étant « opposé à la libération des terroristes (…) du Hamas impliqués dans les combats et les atteintes aux civils israéliens (…) il a été décidé de libérer plusieurs détenus de Gaza qui représentent un danger moins élevé ».
Mohammed Abou Salmiya a assuré avoir été soumis « à de sévères tortures » lors de sa détention en Israël et avoir subi une fracture au pouce. « Les prisonniers sont soumis à toute sorte de torture », a déclaré le médecin lors d’une conférence de presse. « De nombreux prisonniers sont morts dans les centres d’interrogation et ont été privés de nourriture et de médicaments », a-t-il rapporté, ajoutant qu’ils étaient « soumis à des humiliations physiques et psychologiques ». Arrêté fin novembre 2023, Mohammed Abou Salmiya a ajouté avoir été détenu « sans avoir été mis en examen ». Sollicitée par l’AFP à propos des allégations de torture, l’armée israélienne a affirmé « vérifier ces informations ».
Raids particulièrement intenses
Les hôpitaux de Gaza sont durement ciblés depuis le début de l’opération militaire que mène Israël dans le territoire palestinien, en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Israël accuse le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007, d’utiliser les hôpitaux à des fins militaires, ce qu’il dément.
L’hôpital Al-Shifa a été le théâtre de raids particulièrement intenses de l’armée qui l’a fouillé pièce par pièce. En avril et mai, au moins trois fosses communes y avaient été découvertes, d’après des sources locales. « Sous [la] direction [de Mohammed Abou Salmiya], l’hôpital a été le théâtre de nombreuses activités terroristes du Hamas », a justifié l’armée israélienne.
L’hôpital de Khan Younès a annoncé que le chef de son service orthopédique, Bassam Miqdad, avait également été libéré lundi, « après son arrestation il y a quelques mois ». Un correspondant de l’AFP a vu des hommes retrouver leurs proches à l’hôpital Al-Aqsa.
« La libération du directeur du centre médical Al-Shifa à Gaza, avec des dizaines d’autres terroristes, est un renoncement à la sécurité », a estimé le ministre de la sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir, sur le réseau social X.
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En mai, des associations palestiniennes de défense des droits des détenus avaient affirmé que deux Palestiniens, dont un médecin d’Al-Shifa, étaient morts dans une prison israélienne, succombant à des « tortures » et à l’absence de soins. L’armée israélienne avait affirmé à l’AFP « ne pas être informée » de tels faits. Elle a ouvert une enquête en décembre 2023 après la mort en détention de plusieurs Palestiniens arrêtés à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
La guerre entre Israël et le Hamas a fait 37 900 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon un nouveau bilan diffusé lundi par le ministère de la santé du mouvement islamiste palestinien. Côté israélien, environ 1 195 personnes sont mortes – il s’agit aussi de civils pour la plupart – lors de l’attaque du 7 octobre 2023, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes. Selon l’armée israélienne, 670 soldats israéliens ont également été tués depuis.