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Le conflit sahraoui, cinq décennies d’impuissance de l’ONU


Des combattants du Front Polisario à Bir Lahlou, au Sahara occidental, en septembre 2016.

Voilà près d’un demi-siècle que les Nations unies s’y cassent les dents. Le Sahara occidental est un cimetière de résolutions du Conseil de sécurité, une broyeuse à médiations internationales. Enserré entre le Maroc au nord, l’Algérie au nord-est et la Mauritanie au sud et à l’est, ce territoire de 266 000 km2 est l’archétype de l’échec d’une décolonisation. Deux concepts s’y télescopent : le droit à l’autodétermination d’un peuple (les Sahraouis) et le respect de l’intégrité territoriale d’un Etat fraîchement indépendant (le Maroc à partir de 1956). Il aura fallu attendre 1975 pour que la contradiction éclate au grand jour et que les deux notions, souvent confondues, entrent en collision sur ce cas d’espèce.

Le contentieux sahraoui est né en 1975 dans la confusion du départ de l’Espagne au crépuscule du franquisme. Après avoir rétrocédé au royaume chérifien ses possessions coloniales du Rif (1956), de Tarfaya (1958) et d’Ifni (1969), Madrid avait tenu à conserver aussi longtemps que possible son emprise au Sahara, léchée par l’Atlantique – rassemblement des deux entités du Rio de Oro et la Saguia el-Hamra –, où la découverte en 1962 de gisements de phosphate avait ravivé ses convoitises.

Un rêve d’empire plus que désuet alors que la dynamique anticolonialiste est brûlante en ces années 1960. L’adoption en 1965 par l’Assemblée générale de l’ONU, saisie par le Maroc, d’une résolution appelant à la décolonisation de ce Sahara espagnol est un avertissement. La Mauritanie qui, elle aussi, revendique une portion du territoire, n’est pas en reste.

Face à l’adversité croissante, l’Espagne décide de jeter l’éponge. Elle annonce en juin 1975 son intention de se désengager, précipitant la décision du roi Hassan II de lancer son appel à la « Marche verte », auquel 350 000 Marocains répondent, Coran à la main. « Le Sahara nous appartient depuis la nuit des temps », proclame le souverain en s’appuyant sur un avis de la Cour internationale de justice, lequel est en fait foncièrement ambigu.

Il établit en effet qu’il existait bien au moment de la colonisation espagnole des « liens juridiques d’allégeance » entre le sultan du Maroc et certaines tribus sahraouies. Toutefois, la cour ajoute que les élements en sa possession « n’établissaient l’existence d’aucun lien de souveraineté territoriale » entre cette région et le Maroc. Ce jugement sur le découplage entre « allégeances tribales » et « souveraineté territoriale » est au cœur de l’imbroglio diplomatique actuel.

Mur de sable

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