
Il appelle les Allemands à lui donner un mandat fort. Le chef des conservateurs, Friedrich Merz, favori aux élections législatives de dimanche, a formulé cette demande, mercredi 19 février, dans un ultime duel télévisé face au chancelier Olaf Scholz, pour réformer le pays afin de contrer l’ascension de l’extrême droite.
« Au cours des quatre prochaines années, nous devrons résoudre deux grands problèmes de ce pays, la migration et l’économie », a déclaré le probable futur chancelier de 69 ans. « Si nous ne parvenons pas à résoudre ces deux problèmes, alors ils nous dépasseront, nous et tous les partis démocratiques du centre politique », a-t-il prévenu, en référence au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Son camp conservateur CDU/CSU est actuellement largement en tête des sondages, avec 30 %, suivi du parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) avec 20 %, le double d’il y a quatre ans. Le parti social-démocrate (SPD) du chancelier Scholz s’achemine lui vers une débâcle, avec 15 % des intentions de vote, devant les Verts (14 %).
Seul un « résultat fort de la CDU/CSU peut garantir un changement de politique pour l’Allemagne », a plaidé le chef de file des conservateurs. Son objectif : gouverner avec un seul parti pour retrouver une stabilité qui a tant fait défaut à la coalition de M. Scholz avec les Verts et les Libéraux, conduisant à son implosion fin 2024.
« Plus de miracle »
Imperturbable, le chancelier sortant de 66 ans refuse de s’avouer battu. « Je suis convaincu que cette fois-ci, quelque chose de rare se produira : certains se décideront seulement une fois dans l’isoloir. (…) Je crois qu’au final, beaucoup mettront leur croix pour le SPD et me donneront un nouveau mandat », a-t-il déclaré, s’attirant les railleries de son adversaire.
« Il n’y aura plus de miracle au cours des quatre prochains jours », a cinglé M. Merz, ajoutant : « Votre mandat de chancelier devrait se terminer dimanche. »
Hormis cette pique, le débat diffusé sur les sites des médias conservateurs Welt et Bild, a été nettement plus civil et calme que les précédents.
Durcissement des règles migratoires, après plusieurs attaques sanglantes impliquant des étrangers qui ont bouleversé le pays, et sanctions plus fermes contre les bénéficiaires d’aides sociales jugés réfractaires au travail ont tenu une très large place dans cette joute d’une heure. La politique étrangère, elle, a été à peine effleurée, même si elle est revenue à l’ordre du jour de la campagne électorale, percutée par les tensions entre Européens et Américains sur les négociations annoncées en vue d’un règlement de la guerre en Ukraine.
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« La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine se déroule à deux heures de chez nous, avec des rebondissements incessants. Nous nous demandons tous comment la nouvelle administration américaine va réagir et comment les choses vont évoluer », a déclaré M. Scholz.
Dans le même bateau
M. Merz a réaffirmé rejeter toute coopération avec l’AfD. Fin janvier, son initiative parlementaire visant à durcir la politique migratoire du gouvernement Scholz, qu’il juge laxiste, avec les voix du parti d’extrême droite AfD avait semé le trouble sur ses intentions.
Le soutien apporté par l’entourage de Donald Trump au parti d’extrême droite allemand AfD avait aussi fait un peu plus grimper la tension.
Dénoncée dans des manifestations massives organisées depuis lors dans toute l’Allemagne, l’amorce de rapprochement n’a pas porté préjudice aux intentions de vote des conservateurs.
La formation d’une grande coalition entre CDU/CSU et SPD est le scénario le plus probable à l’issue des élections. Un parti social-démocrate affaibli devra trouver les ressources pour négocier sa place dans la future alliance, à laquelle M. Scholz a d’ores et déjà exclu de participer.
Les deux hommes ont néanmoins laissé transparaître une certaine confiance mutuelle. A la question, monteriez-vous à bord de l’avion de M. Merz, pilote amateur, M. Scholz a répondu par l’affirmative, partant du principe « qu’il a son brevet de pilote ». Et Merz s’est lui aussi déclaré prêt à monter dans le bateau de Scholz, un passionné d’aviron.