A Gaza, un taux de pauvreté de près de 100 % et une économie à genoux, alerte l’ONU
Après plus d’un an de guerre entre Israël et le Hamas, la quasi-totalité de la population à Gaza « vit dans la pauvreté », avec une économie à genoux et un taux de chômage « stupéfiant », alerte jeudi l’Organisation internationale du travail (OIT), établie à Genève. La situation est également « préoccupante » en Cisjordanie, où les violences se sont multipliées depuis un an.
« L’impact de la guerre dans la bande de Gaza est allé bien au-delà des pertes en vies humaines, des conditions humanitaires désespérées et des destructions physiques, explique Ruba Jaradat, directrice régionale de l’OIT pour les Etats arabes. Elle a fondamentalement modifié le paysage socio-économique de Gaza, tout en affectant gravement l’économie et le marché du travail de la Cisjordanie. » « L’impact se fera sentir pour les générations à venir », met-elle en garde.
Dans la bande de Gaza, « près de 100 % de la population vit aujourd’hui dans la pauvreté, ce qui témoigne de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les familles qui luttent pour subvenir à leurs besoins essentiels », souligne l’OIT dans un bulletin. Les statistiques « reflètent l’arrêt de la plupart des activités économiques à Gaza en raison de la destruction des habitations et des infrastructures, et du déplacement récurrent des travailleurs et des employeurs », explique l’OIT. « Cette situation a conduit soit à une cessation totale du travail, soit à une prédominance du travail informel et irrégulier », selon l’organisation. Le taux de chômage y atteint la moyenne « stupéfiante » de 79,7 %. Parallèlement, les Gazaouis ont dû faire face à la hausse des prix, l’inflation d’une année sur l’autre atteignant 248 % en août 2024, « ce qui fait qu’il leur est de plus en plus difficile de répondre à leurs besoins les plus élémentaires ». Mercredi, l’ONU a mis en garde contre le risque de famine dans le territoire, totalement bouclé.
Le bilan économique de la guerre est également très lourd et sans précédent en Cisjordanie. « En Cisjordanie, les barrières israéliennes à la circulation des personnes et des biens, associées à des restrictions commerciales plus larges et à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, ont gravement affecté l’économie », note l’OIT, ajoutant que la fermeture du marché du travail israélien aux travailleurs palestiniens a encore plus mis à mal les moyens de subsistance. Le taux de pauvreté y a « plus que doublé à court terme », passant de 12 % en 2023 à 28 % à la mi-2024. Le taux de chômage s’est élevé en moyenne à 34,9 % entre le début d’octobre 2023 et la fin de septembre 2024.