Friday, February 7, 2025
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L’Afrique du Sud dans le viseur de l’administration Trump


Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors de son discours sur l’état de la nation à l’hôtel de ville du Cap, le 6 février 2025.

« Nous sommes, en tant que Sud-Africains, un peuple résilient. Et on ne se laissera pas intimider.  » Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a affiché le visage de la fermeté face aux attaques américaines qui se multiplient contre l’Afrique du Sud, à l’occasion de son discours sur l’état de la nation, le 6 février.

La veille, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, avait annoncé sur la plateforme X qu’il ne prendrait part à une réunion des ministres des affaires étrangères prévue à Johannesburg dans le cadre du G20, dont l’Afrique du Sud assure la présidence : « L’Afrique du Sud fait des choses très mauvaises. Exproprier des propriétés privées. Utiliser le G20 pour promouvoir “la solidarité, l’équité et la durabilité” ». En d’autres termes : « DEI [les politiques de diversité et d’inclusion] et le changement climatique », a déclaré Marco Rubio, accusant le pays d’ « antiaméricanisme ».

La nouvelle charge confirme que l’Afrique du Sud est dans le viseur de l’administration Trump, quelques jours après les attaques du président américain et d’Elon Musk qui ont accusé le pays de « confisquer des terres » et de promouvoir des « lois racistes » au préjudice de la population blanche. Le sénateur républicain Ted Cruz lui a également reproché de « faire tout son possible pour s’aliéner les Etats-Unis » après une demande du gouvernement sud-africain à Taïwan de déménager sa délégation hors de sa capitale Pretoria.

« Il devient clair que les Etats-Unis sont disposés à adopter des mesures punitives contre l’Afrique du Sud en rétorsion contre ses positions adoptées par le passé en matière de politique étrangère », observe le chercheur Priyal Singh, de l’Institut d’études de sécurité (ISS), un groupe de réflexion panafricain.

Epreuve de force

L’Afrique du Sud a irrité les Etats-Unis et certains de ses alliés européens à de multiples reprises ces dernières années en affichant sa proximité avec Moscou ou en prenant la tête de la contestation à Israël. Mais ses alliés occidentaux, à commencer par l’administration Biden, s’étaient jusque-là efforcés de ménager le pays par crainte de le voir dériver un peu plus vers la Russie et la Chine.

Avec Donald Trump, le temps des cajoleries est révolu. L’heure est à l’épreuve de force, un exercice auquel Pretoria, qui s’efforce d’afficher une image plus policée sur la scène internationale depuis plusieurs mois déjà, n’est pas habitué. Pour le pays, la difficulté réside notamment dans le fait que les critiques visent cette fois sa politique intérieure, une nouveauté qui suggère que l’administration Trump étend désormais l’appréciation de « l’alignement » de ses alliés à leurs orientations domestiques.

A moins que les attaques ne soient un message destiné à l’électorat de Donald Trump. « L’idée que la population blanche est désavantagée par les politiques de diversité et d’inclusion fait partie de l’idéologie trumpiste, elle séduit la sphère MAGA [Make America Great Again] et le racisme qui la sous-tend », souligne la directrice de l’Institut sud-africain d’affaires internationales (SAIIA), Elizabeth Sidiropoulos.

Sur la question des terres, Pretoria plaide le malentendu. Cyril Ramaphosa a assuré que le « gouvernement sud-africain n’a confisqué aucune terre » et il s’est entretenu avec Elon Musk des « problèmes de désinformation » autour du pays. Après les attaques du secrétaire d’Etat américain, le ministre des affaires étrangères, Ronald Lamola, a quant à lui réaffirmé que l’Afrique du Sud était « un pays souverain et démocratique attaché à la dignité humaine, à l’égalité et aux droits, défendant le non-racisme et le non-sexisme tout en plaçant notre Constitution et l’Etat de droit au premier plan ».

Vers des sanctions commerciales  ?

Jusqu’où iront les Etats-Unis ? L’annonce de Marco Rubio signifie-t-elle que le pays ne participera pas du tout au G20 ? En créant l’incertitude sur la présence des Etats-Unis, Marco Rubio est déjà parvenu à détourner l’attention des thèmes mis en avant par la présidence sud-africaine.

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Le secrétaire d’Etat américain laisse également planer le spectre d’un G20 en partie vidé de sa substance. « L’une des fonctions principales du G20 est de bâtir un consensus autour des grandes problématiques mondiales. Sans le soutien de la première puissance au monde, il sera difficile pour l’Afrique du Sud de mener un travail efficace », relève le chercheur Priyal Singh.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés De Pretoria à San Francisco, Elon Musk et l’esprit des pionniers

Mais la plus grande crainte de l’Afrique du Sud est celle des sanctions financières et commerciales. Donald Trump a déjà menacé de mettre fin aux financements américains à destination du pays. En matière d’aide internationale, le gouvernement sud-africain a relativisé le poids des Etats-Unis, en soulignant que le pays contribue uniquement à son programme de lutte contre le VIH à hauteur de 17 %.

L’Afrique du Sud pourrait également être exclue de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui exonère de taxes 1 800 produits issus de trente-deux pays du continent africain. « Si l’Afrique du Sud est exclue, ce sera douloureux, pour le secteur de la construction automobile en particulier », met en garde Elisabeth Sidiropoulos.

Les Etats-Unis sont le troisième partenaire commercial de l’Afrique du Sud, après la Chine et l’Union européenne. Un partenaire important, mais dont d’autres pays ne seraient peut-être pas fâchés de prendre la place. Au lendemain de l’annonce de Marco Rubio, l’ambassadeur chinois en Afrique du Sud a publiquement assuré que « la Chine est prête à soutenir la présidence sud-africaine du G20 ».

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