La menace militaire proférée par Donald Trump le 7 janvier à l’encontre du Groenland, territoire constitutif du royaume du Danemark, un Etat membre de l’OTAN, a marqué un tournant pour les pays nordiques. Ce jour-là, l’allié américain, qui était considéré comme assureur sécuritaire en dernier ressort, est devenu menace. Face à ce choc de confiance d’une intensité inouïe, Copenhague n’a pas oublié qu’il avait souscrit à une autre assurance, bien utile en cas de crise : l’Union européenne. Comme pour le rappeler à Washington, la première ministre danoise, Mette Frederiksen, s’est rendue le 28 janvier à Berlin et à Paris avant d’aller au siège de l’OTAN à Bruxelles.
Au Groenland, le débat sur l’avenir de l’île, en amont des élections législatives du 11 mars, s’est soudainement ancré dans la réalité. Les Groenlandais ont pu percevoir ce que signifierait d’être indépendants dans pareil contexte. Autant dire que des certitudes du passé semblent moins évidentes, certains envisageant désormais un rapprochement avec l’Union européenne.
Pour bien comprendre le contexte, il faut se rappeler que le Groenland n’avait pas choisi de rejoindre la Communauté économique européenne (CEE) lorsque le Danemark en est devenu membre en 1973. Lors du référendum danois d’adhésion à la CEE, en 1972, l’île n’avait pas d’autonomie : alors subdivision territoriale danoise, elle avait voté non, mais l’ensemble composé du Danemark métropolitain et du Groenland s’était exprimé en faveur de l’adhésion, d’où un territoire devenu européen malgré lui entre 1973 et 1985. Cet épisode avait conduit à l’autonomie interne du Groenland en 1979, par la suite renforcée en 2009.
Ironie de l’histoire, c’est cette progression vers l’indépendance qui, en contribuant sans doute à l’intérêt de Donald Trump pour le Groenland, pourrait aboutir au retour de l’île dans l’Union européenne.
Volte-face
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