Le 24 février est un jour de deuil pour nous, Ukrainiens, puisque depuis trois ans une guerre sans pareille fait rage sur notre sol, d’une ampleur jamais vue pendant quatre-vingts ans sur le continent européen. Peut-on alors parler de fatigue de la guerre en Ukraine ? Plutôt de désespoir dû à l’impuissance, d’amertume liée à l’angoisse de l’abandon. Au XXIe siècle, les Ukrainiens doivent défendre leur droit à un Etat par des moyens du passé, défendre leur souveraineté avec des armes face à un projet impérial russe du XIXe siècle.
D’un côté, toute guerre est exténuante. Seuls ceux qui en tirent profit sont heureux. D’un autre côté, la lassitude devant cette guerre semble peu à peu s’installer chez nombre d’Américains et d’Européens. La propension au repli isolationniste du président américain, Donald Trump, la difficile prévisibilité de sa politique étrangère et, surtout, l’épée de Damoclès d’une éventuelle suspension de l’aide militaire sont des questions existentielles pour la nation ukrainienne.
Le 18 février, en Arabie saoudite, des négociations entre de hauts responsables américains et russes sur la fin de la guerre en Ukraine ont eu lieu pour la première fois, mais sans représentants ukrainiens. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a alors annoncé qu’il refusait de signer l’accord sur les terres rares avec les Etats-Unis parce que « le document était clair sur une seule chose : nous devons en donner 50 % » et ce sans garanties de sécurité. Le 19 février, Trump a qualifié Zelensky de « dictateur sans élections » et a affirmé que le soutien de ce dernier était de 4 % parmi les Ukrainiens, alors que, selon le dernier sondage, 57 % des Ukrainiens lui feraient confiance. Les Etats-Unis ont-ils déjà oublié les crimes de guerre russes ?
Fonctionnaires multimillionnaires
En revanche, la volonté de l’administration Trump de contrôler davantage l’aide américaine à l’Ukraine est tout à fait compréhensible. En effet, pour conclure de manière décisive la guerre en cours, la lutte contre la corruption doit être menée avec plus de vigueur dans notre pays. Alors que notre nation est saignée à vif, que de nombreux soldats sont tués dans leurs tranchées et que trop de civils ukrainiens meurent sous les décombres de leurs immeubles pulvérisés par les bombes russes, la corruption profite à quelques-uns.
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