Après le tollé suscité par les propos du député La France insoumise (LFI) Thomas Portes au sujet des athlètes israéliens qui participeront aux Jeux olympiques (JO) de Paris, dès cette semaine, le ministre des affaires étrangères du gouvernement français démissionnaire, Stéphane Séjourné, a déclaré, lundi 22 juillet : « La délégation israélienne est la bienvenue en France pour ces JO. »
Interrogé à ce sujet par la presse, en marge d’une réunion des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept à Bruxelles, le ministre a précisé qu’il allait s’entretenir avec son homologue israélien par téléphone « dans quelques heures », pour lui répéter cette position et réaffirmer que la France « assurer[a]la sécurité de la délégation israélienne » durant sa présence sur le territoire.
Lors d’un rassemblement de soutien au peuple palestinien samedi, à quelques jours de l’ouverture des JO, vendredi 26 juillet, l’élu « insoumis » de Seine-Saint-Denis avait déclaré : « Non, la délégation israélienne n’est pas la bienvenue à Paris. Les sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques à Paris ». Avant d’appeler les militants rassemblés à utiliser « l’échéance » des Jeux et « tous les leviers qu’[ils ont] pour créer des mobilisations ».
Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a condamné la prise de parole de l’élu, qualifiant ses propos d’« irresponsables ». « Depuis le 7 octobre [2023], Thomas Portes légitime le Hamas. Il met maintenant une cible dans le dos des athlètes israéliens, déjà les plus menacés des Jeux olympiques », a écrit dimanche sur X le président du CRIF, rappelant qu’aux Jeux olympiques de Munich, en 1972, onze Israéliens avaient « été assassinés par des terroristes palestiniens ». Dimanche soir, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a fait savoir que l’ensemble des délégations israéliennes seront « intégralement protégées par la police française vingt-quatre heures sur vingt-quatre », « y compris les arbitres ». Avant d’exprimer son « dégoût » quant aux propos de M. Portes, estimant que celui-ci « met une cible dans le dos à ces athlètes israéliens ».
Des « propos inadmissibles », condamnés aussi à gauche
« Je soutiens Thomas Portes face à la vague de haine qu’il subit », a toutefois répété lundi le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, sur X et au micro de CNews. Selon lui, « face aux violations répétées du droit international par le gouvernement israélien, il est légitime de demander que ses athlètes concourent sous bannière neutre aux Jeux olympiques », comme c’est le cas pour la délégation russe, en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. De nombreux élus « insoumis » ont également soutenu leur collègue, à l’image du député Aymeric Caron, qui a dénoncé une polémique « indigne », jugeant que « le drapeau israélien, entaché du sang des innocents de Gaza, ne devrait pas flotter à Paris cet été ».
Mais les propos de Thomas Portes passent difficilement, y compris à gauche. Pour le député socialiste Jérôme Guedj, en rupture avec LFI depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, « demander l’interdiction des athlètes israéliens, comme tout boycott, ne fera en rien progresser les droits légitimes des Palestiniens ». « On peut faire semblant de regarder ailleurs ou dire les choses : propos inadmissibles », a-t-il condamné sur X, lundi matin. « Le chef de LFI qui le soutient, c’est inacceptable. Quoi qu’on pense de Nétanyahou, confondre volontairement la démocratie israélienne et la dictature russe, c’est une faute morale et politique », a de son côté réagi la sénatrice Corinne Narassiguin, secrétaire nationale à la coordination du Parti socialiste (PS).
Questionnée lundi sur les propos de Thomas Portes, la députée écologiste Sandrine Rousseau ne les a pas condamnés à proprement parler, mais a estimé que ce n’était pas aux sportifs israéliens de subir les conséquences de la guerre. « Je pense que là, sur Israël-Palestine, on a besoin d’avoir une position internationale forte et que ce n’est pas les sportifs israéliens qui doivent la supporter, et même la subir », a-t-elle fait valoir au micro de BFM-TV/RMC.
Au lendemain de la vague d’indignation qu’il a suscitée, Thomas Portes est revenu sur ses propos, dimanche, sur le site du Parisien, affirmant défendre une position « claire et constante » des « insoumis ». « Je considère que la diplomatie française doit faire pression sur le [Comité international olympique] pour que le drapeau et l’hymne israéliens ne soient pas admis pendant ces Jeux olympiques, comme cela est fait pour la Russie », a-t-il déclaré, estimant qu’il « faut en finir avec le deux poids, deux mesures ».