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la Bretagne, territoire stratégique pour les candidats


Lors d’un meeting de Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique pour les élections européennes du 9 juin, à Brest, le 25 mai 2024.

Marie Toussaint (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) en avril, François-Xavier Bellamy (Les Républicains, LR) à la mi-mai, Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique, PS-PP) fin mai, Valérie Hayer (Renaissance) le 5 juin… Les têtes de liste à l’élection européenne se succèdent en Bretagne, comme un passage obligé. Tous se souviennent qu’ici, en 1992, les électeurs avaient plus massivement qu’ailleurs soutenu le traité de Maastricht. Même exception en 2005, lorsque l’Ouest se distinguait par son vote en faveur de la Constitution européenne.

Au-delà du symbole, la Bretagne s’impose comme un territoire stratégique qui se mobilise, avec une participation de cinq points supérieurs à la moyenne nationale aux européennes de 2019. Il y a donc des voix à prendre dans la péninsule, d’autant que le duel longtemps annoncé entre la liste Renaissance et celle du Rassemblement national (RN) y semble moins clair qu’ailleurs.

En Bretagne, là où ses adversaires peinent à mobiliser, Raphaël Glucksmann rassemble, comme lors de son meeting à Brest samedi 25 mai. Y compris la gauche régionale, qui s’était divisée en 2022 lors de la création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Nathalie Appéré, maire de Rennes, évoque ce meeting brestois comme « le retour de la gauche bretonne humaniste » : « Il se passe quelque chose autour de Raphaël. Ça fait du bien de ressentir un tel enthousiasme après des années de campagnes par vents contraires. »

Un point de non-retour

Raphaël Glucksmann aimante au-delà de l’historique famille socialiste bretonne. Sur le terrain, les militants d’EELV redoutent une hémorragie vers la liste du fondateur de Place publique. Eux qui réussissent d’habitude à mobiliser localement sur les enjeux européens (16,21 % en 2019, presque 3 points de plus que la moyenne nationale) peinent à donner du souffle à la campagne de Marie Toussaint.

Raphaël Glucksmann lorgne aussi la frange sociale-démocrate qui avait quitté le PS pour soutenir Emmanuel Macron en 2017. Cet électorat avait constitué le socle de la réussite du président de la République en Bretagne, une région où il réalise ses meilleurs scores aussi bien en 2017 qu’en 2022 (32,79 % au premier tour de l’élection présidentielle de 2022).

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La Bretagne, une terre macroniste, mais surtout anti-RN

Au fil des années, le chef de l’Etat a perdu la confiance de ses soutiens de la première heure. La loi sur l’immigration, promulguée fin janvier 2024, a été un point de non-retour pour nombre d’anciens socialistes. Dans l’Ouest, Jean-Yves Le Drian officie comme ultime caution de l’aile gauche du macronisme. Ministre de la défense de François Hollande puis de l’Europe et des affaires étrangères d’Emmanuel Macron, il a refusé de sortir de sa retraite pour prendre la tête de la campagne européenne.

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