Il n’entend pas partir. « Je suis candidat et je vais gagner à nouveau », a déclaré le président américain, Joe Biden, dans un discours très offensif vendredi 5 juillet dans le Wisconsin, un Etat-clé de la région des Grands Lacs, avant une interview à haut risque, considérée comme un test de sa vivacité mentale.
« Il y a des gens qui ne se soucient pas de votre vote » lors des primaires, qu’il a très largement remportées, a dit le président démocrate à l’assistance. « Ils essaient de me pousser dehors. Laissez-moi le dire très clairement : je reste dans la course » à la Maison Blanche, a-t-il insisté devant un millier de partisans, selon son équipe de campagne.
Le démocrate de 81 ans se bat pour sa survie politique depuis un débat raté le 27 juin face à son prédécesseur républicain, âgé de 78 ans, lors duquel il est apparu très confus et même perdu par moments. C’est un tout autre Joe Biden, batailleur et résolu, mais aussi aidé de prompteurs, qui a tenté vendredi de répondre frontalement aux inquiétudes sur son âge. « Vous pensez que je suis trop vieux pour battre Donald Trump ? », a-t-il lancé, ce à quoi le public a répondu un retentissant « Non ! »
« Passe le flambeau, Joe »
Le démocrate, qui a quitté la scène au son d’une chanson dont le titre est « Je ne me défilerai pas » (« I won’t back down »), a aussi pointé les incohérences de son rival, dont l’âge et l’acuité mentale ne font pas l’objet d’une aussi intense attention. « Si vous vous demandez si Trump a toute sa tête, avez-vous déjà entendu comment il a expliqué le 4 juillet quand il était président ? », a demandé Joe Biden, en référence à l’indépendance américaine, proclamée le 4 juillet 1776.
Il a rapporté que son adversaire républicain avait expliqué la victoire de la guerre d’indépendance par la prise de contrôle des aéroports des Britanniques, qui n’existaient évidemment pas à cette époque. « C’est vrai, il est un génie tout à fait stable », a ironisé le président américain, reprenant une expression que son rival avait employée pour vanter sa propre intelligence.
« L’enjeu de cette élection, c’est notre liberté. C’est notre démocratie. C’est l’âme même de l’Amérique. Etes-vous prêts à vous battre pour cela ? Je sais que je le suis », a encore clamé Joe Biden. Derrière lui dans le public, bien visible pendant la retransmission télévisée, un spectateur portait un panneau portant l’expression : « Passe le flambeau, Joe. » L’un des plus proches conseillers de Donald Trump, Jason Miller, a répondu avec ironie sur X à cette prestation particulièrement énergique : « Votre équipe aurait dû utiliser le même dosage [de médicaments] pendant le débat. »
Interview à haut risque
Reste à voir si Joe Biden déploiera la même combativité dans une interview à haut risque avec la chaîne ABC, dont un premier extrait a été montré à 17 heures 30, heure de la côte est américaine (23 h 30 à Paris), et l’intégralité le sera à 19 h 30 (1 h 30 du matin à Paris). L’exercice sera très différent, puisque le président américain s’exprimera sans filet, seul face à George Stephanopoulos, un journaliste et un ancien proche conseiller du président démocrate Bill Clinton.
Le candidat démocrate a encore fort à faire pour effacer l’impression désastreuse laissée par son débat face à Donald Trump, dont il n’a pas du tout réussi à gérer les conséquences immédiates : une vague d’appels à son retrait dans la presse et une flambée des inquiétudes sur sa santé mentale au sein de son parti. « Au cours des prochains jours, je l’exhorte à écouter le peuple américain et à évaluer avec soin s’il reste notre meilleur espoir pour battre Donald Trump », a écrit la gouverneure démocrate du Massachusetts, Maura Healey, vendredi dans un communiqué.
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Nulle volonté de baisser les bras en tous cas de la part de l’équipe de campagne de Joe Biden. Elle a publié vendredi un intense plan de bataille pour le mois de juillet prévoyant une avalanche de spots télévisés, des déplacements dans tous les Etats-clés, et notamment dans le sud-ouest du pays pendant la convention républicaine (15-18 juillet). Joe Biden doit aussi être l’hôte, la semaine prochaine, d’un sommet des dirigeants de l’OTAN, et donnera jeudi à cette occasion une conférence de presse. Là encore un exercice très attendu.