![Le président américain Joe Biden lors de la conférence législative de la National Association of Counties à Washington, le 12 février 2024.](http://img.lemde.fr/2024/02/20/0/0/6612/4408/664/0/75/0/493ef9a_1708448497767-135693.jpg)
Prendre ses distances sans lâcher la main d’Israël : voilà l’impossible manœuvre qu’entreprend l’administration Biden. Confrontée à un isolement diplomatique criant, les Etats-Unis tentent de nuancer – sans le remettre en question – leur soutien à l’Etat hébreu, après environ 29 000 morts dans la bande de Gaza, pour l’essentiel des civils. Pour la troisième fois depuis le début de la guerre, Washington a bloqué par son veto un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Le texte, porté par l’Algérie, était soutenu par treize pays sur quinze, le Royaume-Uni s’abstenant.
« Nous n’étions simplement pas en mesure de soutenir une résolution aujourd’hui qui aurait mis en péril des négociations sensibles », a expliqué mardi 20 février le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Ce dernier faisait référence aux contacts diplomatiques en cours afin d’arracher un cessez-le-feu temporaire à Gaza de plusieurs semaines, en échange d’une libération des otages détenus par le Hamas. Dans ce but, Brett McGurk, conseiller de Joe Biden pour le Moyen-Orient, est attendu à nouveau au Caire mercredi afin de s’entretenir avec le puissant chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, l’un de ses interlocuteurs principaux. Mardi, Ismaïl Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, se trouvait dans la capitale égyptienne.
Mercredi, Brett McGurk sera en Israël, alors que ce pays envisage une offensive militaire dans la région de Rafah, au sud de l’enclave palestinienne, pour parachever son opération terrestre. Après un entretien téléphonique la semaine dernière entre Joe Biden et Benyamin Nétanyahou, la Maison Blanche a renouvelé mardi son opposition à une telle offensive, par la voix de John Kirby. Elle serait « un désastre », a dit le porte-parole, faute de « plan crédible » pour les quelque 1,4 million de réfugiés palestiniens serrés au sud de la bande dans une détresse absolue.
Divergence croissante
Dans une manœuvre inattendue, l’administration Biden a fait circuler à New York un projet de résolution concurrent à celui de l’Algérie, immédiatement publié dans la presse. Le texte appelle aussi à un cessez-le-feu temporaire à Gaza, mais en lien avec la libération de tous les otages et une levée des restrictions sur l’acheminement de l’aide humanitaire. Il s’agit donc pour la Maison Blanche de ne pas apparaître comme seule et butée. Le texte américain, en soi, représente « un carton jaune » à Israël pour lui rappeler « les limites à ne pas dépasser », selon une source haut placée de l’Etat hébreu. Le projet rejette une « offensive terrestre majeure dans Rafah », ainsi que toute action conduisant à « réduire le territoire de Gaza, sur une base temporaire ou permanente, y compris par l’établissement officiel ou officieux de supposées zones tampon ». Des zones que les bulldozers et les chars israéliens ont déjà commencé à dessiner le long de la bande.
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