Il a élu domicile dans l’un des coins les plus bucoliques de Central Park, au pied d’un ruisseau où coule une petite cascade. En ce dimanche de Pâques, une trentaine de promeneurs sont massés près de l’arbre où est perché Flaco, un grand-duc d’Europe échappé du zoo du célèbre poumon vert de Manhattan. Certains sont munis de jumelles, d’autres de téléobjectifs. Ardith Bondi a les deux. Bob sur la tête, cette septuagénaire est une pro de l’observation des oiseaux. Mais ce n’est pas son jour : l’ombre d’une branche ne lui permet pas de faire le cliché parfait. « Pourquoi les gens viennent ? Mais parce qu’il est magnifique ! », s’exclame-t-elle.
« Il est devenu l’incarnation de la liberté et de la résilience. C’est une source d’inspiration pour les New-Yorkais, qui le respectent et l’admirent pour s’être si vite adapté à sa nouvelle vie. » David Barrett, un passionné
Il est vrai que l’animal, de toute beauté, vaut le détour. Ses yeux sont d’un orange perçant et son plumage brun duveteux, strié de noir, lui permet de se fondre dans le paysage. Deux
étonnantes aigrettes, qui ressemblent à des oreilles, se dressent sur sa tête lorsqu’il est dérangé. Sa silhouette aristocratique est massive : le grand-duc est l’une des espèces de rapaces nocturnes les plus grandes par la taille. Même si les mâles, comme Flaco, sont plus petits que les femelles, leur envergure peut atteindre près de 2 mètres. Sur les réseaux sociaux, les internautes rivalisent de photos de l’oiseau en majesté et se passionnent pour ses aventures. Il en est toujours un pour préciser sa dernière position. L’intéressé dispose même d’un compte Twitter qui repartage les meilleures photos postées par les internautes.
Geraldine getting ready to go out for the night 🌿👁️🌿🦉🌲💃🏻🌃✈️
The resident great horned owl of Central Park, 4.10.23… //t.co/5LFA5w65ZI
Une naissance en captivité
L’histoire du rapace est digne d’un scénario de Walt Disney. En février, son enclos est retrouvé vide. Un trou assez large pour que son locataire s’y faufile a été découpé dans le grillage en acier inoxydable. Dans son habitat naturel, en Europe et en Asie, le grand-duc vit généralement loin des humains, sur des falaises, des rochers ou dans des zones boisées. Flaco, lui, se retrouve en liberté au cœur d’une vaste mégapole. Arrivé tout jeune, en 2010, au zoo de Central Park, après une naissance en captivité, il n’a jamais appris à chasser pour se nourrir et les soignants sont inquiets pour sa survie. Pendant deux semaines, ces derniers multiplient les stratagèmes pour tenter de le récupérer, mais l’animal est réputé difficile à capturer. Si Flaco se montre intéressé par les appâts disséminés ici ou là ou les cris enregistrés de ses congénères, il ne tombe pas dans le panneau.
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