Historiquement déchirée entre le transatlantisme et l’autonomie stratégique, l’Europe n’est pas préparée à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier 2025. Le risque, c’est qu’il soit maintenant trop tard pour faire des choix.
Une Europe plus forte aurait été dans l’intérêt à long terme des deux côtés de l’Atlantique. Du côté européen, on a argué de la vocation atlantiste de l’Europe pour ne pas renforcer son « autonomie stratégique ». Du côté américain, on s’est méfié d’une plus grande indépendance européenne. Résultat : tous les beaux discours de ces huit dernières années – depuis la première élection de Trump, en 2016 – laissent les Européens dans une impréparation profonde face au président élu.
Ce manque de préparation a maints aspects. D’abord, face à la guerre russe en Ukraine, l’Europe a davantage besoin des garanties sécuritaires et des équipements militaires américains, et ce, malgré l’augmentation de ses propres dépenses de défense. Ensuite, son économie dépend fortement du commerce avec les Etats-Unis. Enfin, pour se sevrer de l’énergie russe, l’Europe s’est mise à importer davantage de gaz américain. En définitive, la guerre russe n’a fait qu’accroître la dépendance de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis.
Le grand retour de Trump à la Maison Blanche présente des dangers majeurs pour l’Europe. Sur le plan politique, les gouvernements européens, recherchant les bonnes grâces du président élu, auront davantage de risques de se diviser. L’Ukraine ainsi que le flanc est de l’OTAN [Organisation du traité de l’Atlantique Nord] et de l’UE [Union européenne] feront tout leur possible pour s’assurer que les Etats-Unis maintiennent leurs engagements en matière de sécurité. Cette priorité, vitale, primera sur la question de l’unité européenne.
Miser sur l’unité et l’envergure de l’UE
Du côté de la droite radicale, les dirigeants européens gagneront en assurance. Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui fait partie des plus fervents admirateurs que compte Donald Trump dans toute l’Europe élargie, est déjà une figure influente dans son entourage. En Italie, la première ministre d’extrême droite, Giorgia Meloni, aura probablement accès, grâce à ses liens avec Elon Musk, au cercle magique du président américain.
La France et l’Allemagne sont aujourd’hui au plus bas. Sans l’appui des principaux Etats membres, la Commission et les autres institutions européennes n’auront vraisemblablement ni la force ni la légitimité nécessaires pour s’imposer face aux Etats-Unis de Trump. La meilleure option pour l’Europe reste de miser sur son unité et son envergure, mais les gouvernements européens mettront peut-être des mois à le reconnaître.
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