La chasse aux Kurdes est ouverte. Sur un morceau de Syrie, le long de la frontière avec l’Irak, les milices arabes au service de la Turquie expulsent les populations kurdes locales. Un vaste mouvement d’épuration ethnique est en cours. Des colonnes de milliers de réfugiés misérables fuient les bombardements de l’aviation turque et l’avancée d’une soldatesque djihadiste qui entend éradiquer la zone frontalière d’une présence kurde millénaire.
Les puissants voisins d’une Syrie tout juste libérée de la dictature prédatrice du clan Al-Assad profitent du moment. Israël saisit l’occasion pour anéantir ce qui reste de l’infrastructure militaire du pays, marine et aviation comprises ; la Turquie entend écraser un mouvement autonomiste kurde syrien qu’elle soupçonne d’aider le parti kurde turc PKK avec lequel Ankara est en guerre. Pays majoritairement arabe sunnite (la branche majoritaire de l’islam), la Syrie compte nombre de minorités ethniques, comme les Kurdes et les Druzes, ou religieuses, comme les chrétiens et les alaouites.
Mais l’Europe a une dette particulière envers les Kurdes syriens. Sans eux, le danger du terrorisme islamiste, notamment celui qu’incarnait le groupe autoproclamé « Etat islamique », l’EI, n’aurait pas été neutralisé.
L’EI pourrait aujourd’hui relever la tête, ce qui ne semble aucunement préoccuper la Turquie, notre alliée de l’OTAN. Regroupées au sein du groupe dit Armée nationale syrienne (ANS, à ne pas confondre avec l’armée régulière), les bandes islamistes arabes aux ordres d’Ankara sont à l’offensive. Elles reprennent la politique d’expulsion des Kurdes de la partie ouest de la région frontalière, politique qu’avait amorcée l’armée turque en intervenant en Syrie en 2018 et 2019. Après les localités de Manbij et Tall Rifaat, c’est au tour de Kobané d’être aujourd’hui encerclée par l’ANS – comme le décrivait un reportage de Marie-Charlotte Roupie, l’envoyée spéciale de RFI.
Cavaliers de l’apocalypse
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