Les djihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle de la « majeure partie » d’Alep après deux jours d’une offensive éclair contre les forces gouvernementales, a indiqué, samedi 30 novembre, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui rapporte également des raids russes sur cette deuxième ville de Syrie pour la première fois depuis 2016.
Le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des factions alliées étaient entrés vendredi à Alep après deux jours d’une offensive qui a mis fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien. Les forces du régime syrien se sont retirées « sans combat » au cours de cette dernière phase, a indiqué l’ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie. Samedi, ils ont pris le contrôle de « la majeure partie de la ville, des bâtiments gouvernementaux et des prisons », selon l’OSDH.
Les combats ont fait au moins 277 morts, d’après son bilan. Ils sont les plus violents depuis 2020 dans la région, où la province d’Alep, en grande partie tenue par le régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et djihadiste d’Idleb. Les rebelles ont aussi pris le contrôle de la ville stratégique de Saraqeb, au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et à Lattaquié, selon l’ONG.
« Soutien continu » de l’Iran
Vendredi, deux témoins ont déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) avoir vu des hommes armés à Alep et fait état de scènes de panique dans la grande ville du nord. Un correspondant de l’AFP à Alep a fait état d’affrontements entre les assaillants et les forces syriennes et des groupes les soutenant.
Selon l’OSDH, le groupe djihadiste HTS et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, étaient parvenus vendredi aux portes de la ville après « deux attentats-suicide avec des voitures piégées ». Ils ont ensuite progressivement pris le contrôle d’un nombre croissant de quartiers. L’armée syrienne, qui a déployé des renforts à Alep, selon un responsable de la sécurité, avait assuré avoir repoussé « la grande offensive des groupes terroristes » et regagné plusieurs positions.
L’armée russe avait, elle, annoncé vendredi que son aviation bombardait des groupes « extrémistes » en Syrie, en soutien aux forces du régime, selon les agences russes. Le Kremlin avait appelé les autorités syriennes à « mettre de l’ordre au plus vite » à Alep. Autre allié indéfectible de la Syrie, l’Iran a réitéré son « soutien continu » au pays, où il s’est engagé militairement pour soutenir le président Assad durant la guerre civile.
Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes, HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, avait pris le contrôle de pans entiers de la province d’Idleb et des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié. Le régime syrien avait repris en 2015 le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens. Ses forces, soutenues par l’aviation russe, avaient repris en 2016 la partie est d’Alep aux insurgés après des bombardements dévastateurs.
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Le nord de la Syrie bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière. Selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, les violences ont déplacé « plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants ».