Des combats dans le nord de la Syrie entre les forces du régime et des djihadistes, qui ont lancé mercredi une offensive contre des territoires contrôlés par le gouvernement, ont fait 141 morts, selon un nouveau bilan fourni jeudi 28 novembre par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui fait état d’une offensive lancée contre des territoires contrôlés par le gouvernement près d’Alep.
Il s’agit de 71 combattants djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (ou HTC – « Organisation de libération du Levant »), 18 membres des groupes alliés, et « 52 membres des forces du régime », a précisé l’organisation non gouvernementale (ONG) basée à Londres et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie
Outre des tirs de roquettes et « d’intenses tirs d’artillerie », l’OSDH a également indiqué que « l’aviation russe », allié du régime, « avait intensifié ses frappes aériennes », visant notamment les environs de Sarmine dans la région d’Idlib. De son côté, le ministère de la défense syrien a affirmé dans un communiqué que les djihadistes de HTS et leurs alliés avaient lancé mercredi matin « une vaste attaque sur un large front avec un grand nombre de terroristes qui ont recours aux armes lourdes pour cibler villages et localités et positions militaires ».
Des combats proches d’Alep
L’ONG a fait état de deux villages conquis par les djihadistes dans l’ouest de la province d’Alep et de trois villages dans un secteur de la province d’Idlib tenu par le gouvernement. Selon elle, il s’agit des « plus violents » affrontements depuis des années dans ce secteur, où la province d’Alep et ses territoires, aux mains du régime de Bachar Al-Assad, jouxtent le dernier grand bastion rebelle et djihadiste d’Idlib.
Les combats se déroulent parfois à moins de 10 kilomètres de la métropole d’Alep, tenue par le gouvernement. Ils se déroulent également près d’une autoroute reliant Alep à la capitale, Damas, que les djihadistes tentent d’atteindre pour couper cet axe stratégique, toujours selon l’OSDH.
HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, contrôle des pans de la province d’Idlib, mais aussi des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié. Le nord de la Syrie bénéficie ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.
Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens depuis le déclenchement en 2011 du conflit qui a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.
Où en est la guerre en Syrie aujourd’hui ? Comprendre en trois minutes
Comme la Tunisie, la Libye ou L’Egypte, en 2011, la Syrie fait partie des pays dont le pouvoir autoritaire est déstabilisé par les « printemps arabes ». La dictature du clan de Bachar Al-Assad, au pouvoir depuis les années 1970, réprime dans le sang les manifestations pacifiques menées par une partie de la population syrienne pour demander plus de liberté.
Dans la foulée, de nombreux militaires font défection et créent l’Armée syrienne libre (ASL), devenue la principale composante des rebelles déterminés à prendre les armes pour renverser le régime.
Dans les années qui suivent, l’opposition à Bachar Al-Assad gagne du terrain, conquérant des villes importantes du territoire. Au conflit politique s’ajoute le conflit religieux et ethnique, car les rebelles sont un groupe hétérogène, composé aussi bien de milices d’opposants au régime, de minorités religieuses et ethniques comme les Kurdes, que de groupes islamistes radicaux, comme l’organisation Etat islamique (EI). Celle-ci profitera de l’instabilité pour conquérir un territoire important. La montée du groupe islamiste finira de convaincre des puissances étrangères d’intervenir dans le conflit.
En 2019, l’EI a été vaincue en Syrie, et le régime de Bachar Al-Assad a repris les deux tiers du territoire. L’opposition, elle, est rassemblée dans la province nord-ouest du pays. Les lignes de front sont figées depuis.
Dans cette vidéo, nous revenons sur les grands moments du conflit syrien jusqu’à la situation actuelle. A ce jour, on estime que la guerre a fait plus de 500 000 morts. Pour mieux comprendre à quoi ressemble la vie en Syrie aujourd’hui, nous vous invitons à lire le reportage ci-dessous.
« Comprendre en trois minutes »
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