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En Italie, Matteo Salvini, poursuivi pour « séquestration » de migrants, se pose en victime d’un procès politique


Le vice-premier ministre italien et ministre des infrastructures, Matteo Salvini, à Milan, le 11 avril 2024.

C’est un triste feuilleton qui avait animé l’été 2019 en Italie. Pendant trois semaines, le navire de sauvetage en mer de l’ONG espagnole Open Arms se retrouve dans l’impossibilité de faire débarquer 147 personnes à bord, secourues au large de la Libye. Elles ont l’interdiction formelle de poser le pied en Italie, décision du ministre de l’intérieur de l’époque, Matteo Salvini. Le chef de la Ligue (extrême droite) se veut intransigeant.

Pour lui, l’affaire est entendue : les ONG de secours de migrants « livrent des batailles politiques sur le dos de l’Italie ». Six pays européens proposent d’accueillir des migrants mais la route est trop longue pour le navire et les conditions de santé à bord se dégradent. Après trois semaines où le casse-tête administratif s’est mêlé au drame judiciaire, un juge sicilien ordonne finalement le débarquement des migrants à Lampedusa.

Open Arms a saisi la justice italienne et le procès contre Matteo Salvini s’est ouvert en octobre 2021 à Palerme. Samedi après-midi, les procureurs ont requis six ans de prison contre l’ancien ministre de l’intérieur pour « séquestration » et « abus de pouvoir ». Absent à l’audience, M. Salvini était en revanche bien présent sur les réseaux sociaux, confirmant son art de la communication. Quelques heures avant l’annonce du tribunal de Palerme, son compte X avait publié une photo avec ces mots : « Aujourd’hui, je risque la prison car la gauche a voulu se venger. »

« Coupable d’avoir défendu l’Italie »

Peu après les réquisitions, c’est un long message vidéo de l’ancien ministre de l’intérieur qui est publié en guise de réponse à la justice. « Aucun gouvernement ni aucun ministre dans l’histoire n’ont jamais connu de procès pour avoir défendu les frontières de son propre pays », explique-t-il la mine grave, ajoutant se « déclarer coupable d’avoir défendu l’Italie ».

Un spot préparé à l’avance et sous-titré en anglais, preuve de la volonté d’en faire un objet politique qui dépasse les frontières italiennes. Les alliés du chef de la Ligue en Europe n’ont d’ailleurs pas manqué d’afficher leur soutien samedi soir. « Le procès et la peine de six ans requise à son encontre sont d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe », a ainsi dénoncé Marine Le Pen, tandis que le Néerlandais Geert Wilders a estimé que M. Salvini « méritait une médaille ».

Les réactions ne se sont pas fait attendre non plus dans le champ politique italien, en premier lieu chez les partenaires de gouvernement de Matteo Salvini. Antonio Tajani, vice-président du conseil comme M. Salvini et patron de Forza Italia (droite), a dénoncé la décision des procureurs comme « déraisonnable et sans aucune base juridique ».

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