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En Inde, la thèse d’une ascendance aryenne des hindous vacille


Deux squelettes humains datant de l’ère Harappan, vieille de 5 000 ans, retrouvés dans un tumulus du village de Rakhigarhi, à Hisar, en Inde, le 11 mars 2015.

Les tumulus de Rakhigarhi n’en finissent pas de livrer leurs secrets. Dans ce village de l’Haryana, à 175 kilomètres au nord-ouest de New Delhi, objet de fouilles depuis les années 1960, 11 monticules se dressent sur un terrain de 350 hectares. L’un d’eux, le numéro 7, abrite un grand cimetière harappéen, véritable trésor pour les historiens, les linguistes et les anthropologues. Les scientifiques s’intéressent à cette civilisation établie à l’âge du bronze dans la vallée du fleuve Indus.

Au printemps, les archéologues ont fait sensation, avec la découverte de deux squelettes en excellent état de conservation, allongés côte à côte, dont celui d’une femme. « C’est la première fois que nous tombons sur des ossements féminins. A côté de son crâne, il y avait quatre bracelets en coquillage, ce qui fait penser à un rituel très ancien qui consistait à enterrer les femmes décédées avec leurs bijoux de mariage », s’enthousiasme Sanjay Kumar Manjul, responsable du site pour le compte des services archéologiques de l’Etat fédéral.

D’après les nombreux vases et bols en céramique qui les entouraient, les deux squelettes remonteraient à une période comprise entre 2600 et 1900 avant Jésus-Christ (J.-C.). L’ère dite « mature » des Harappéens, durant laquelle la vallée de l’Indus comptait entre 1 et 5 millions d’habitants. A la même époque, les Egyptiens bâtissaient leurs premières grandes pyramides et les Mésopotamiens leurs temples monumentaux.

Depuis que les premiers ossements humains ont été découverts en 2005 à Rakhigarhi, 79 squelettes ont été déterrés, dont 45 sont complets. « Plus d’une centaine d’autres sépultures se trouvent encore cachées sous le tumulus », indique Niraj Rai, directeur du laboratoire de l’Institut des sciences paléolithiques Birbal Sahni de Lucknow, dans le nord-est de l’Inde, qui analyse l’ADN ancien de ces restes.

Sang mêlé

Les archéologues sont formels, la cité antique de Rakhigarhi était plus importante que Mohenjo-daro ou Harappa, les deux autres villes harappéennes, mieux connues. A son apogée, cette civilisation s’étendait depuis le Cachemire jusqu’aux rives de la Narmada, dans le Gujarat, en passant par l’essentiel de l’actuel Pakistan.

C’est en 2015 que les squelettes de Rakhigarhi ont commencé à déchaîner les passions en Inde. Cette année-là, l’un des squelettes découverts a pu fournir un matériel génétique exploitable, prélevé dans les os pétreux de l’oreille interne. L’équipe, dirigée par le généticien américain David Reich, de l’université Harvard, et l’archéologue indien Vasant Shinde, du Deccan College de Pune, a pu redessiner l’arbre généalogique des Harappéens.

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