L’ONG anti-corruption Transparency International et le site d’investigation Atlatszo ont annoncé, mardi 25 juin, faire l’objet d’une enquête du bureau de protection de la souveraineté de Hongrie, un organe récemment mise en place par le premier ministre Viktor Orban pour prévenir « les interférences étrangères ».
Transparency International dit avoir reçu la semaine dernière « une notification formelle » de l’autorité au sujet d’une « investigation approfondie » qu’elle qualifie de « totalement infondée ». L’ONG, accusée de « mener des activités financées par des subventions étrangères et de nature à influencer les décisions des électeurs », dispose de trente jours pour répondre à 62 questions. Elle pense ne pas avoir été « ciblée par hasard » car ses travaux dénoncent régulièrement la corruption en Hongrie, qui figure au dernier rang de son classement portant sur les 27 pays de l’UE.
Selon Transparency, l’instauration de ce bureau par le pouvoir hongrois pour but d’« intimider les citoyens et les organisations civiles critiques envers le gouvernement, sous le couvert de protection de la souveraineté nationale ».
Le média Atlatszo, connu pour ses enquêtes sur la corruption, a indiqué avoir reçu 11 questions. Il s’était alarmé il y a quelques mois de mesures sur la souveraineté « susceptibles de sévèrement restreindre la liberté de la presse et de rendre le travail de la presse indépendante difficile, voire impossible ».
Une enquête contre le principal opposant à Orban
Le bureau de protection de la souveraineté, opérationnel depuis février, suscite les inquiétudes des Etats-Unis et de l’UE, qui a lancé une procédure d’infraction, s’alarmant d’une nouvelle mise au pas des contre-pouvoirs dans le pays d’Europe centrale.
L’organe a officiellement pour mission « d’enquêter » sur les « attaques illégales » menaçant la sécurité nationale – dont les activités d’organisations bénéficiant de financements étrangers. Le gouvernement hongrois accuse régulièrement l’UE et « diverses organisations » étrangères, américaines notamment, de « distribuer des milliards d’euros » à l’opposition afin « d’influencer le choix des électeurs ». Ses investigations peuvent conduire à l’ouverture d’enquêtes judiciaires, avec même d’éventuelles peines de prison prononcées.
En avril, le bureau avait ainsi lancé une enquête contre Peter Magyar, un ex-haut fonctionnaire devenu le principal opposant de Viktor Orban. Ses détracteurs dénoncent le pouvoir illimité de cet organe pour demander des données sensibles et des informations privées, contre lequel il n’est pas possible de faire appel.